Moka

Munie de quelques affaires et d’un revolver, Diane Kramer (Emmanuelle Devos) s’enfuit d’une clinique lausannoise, elle récupère le portable de son fils chez son ex-mari et part pour Evian. Elle n’a qu’une obsession, retrouver le conducteur de la Mercedes couleur moka qui a mortellement blessé son fils et bouleversé sa vie. Mais le chemin de la vérité est plus sinueux qu’il n’y paraît. Diane devra se confronter à Marlène (Nathalie Baye), une femme attachante et mystérieuse qui est la propriétaire de la voiture incriminée.

Dans ce western féminin et trouble mettant en scène un duel entre Diane et Marlène, avec de superbes vues du Léman en toile de fond et la ville d’Evian au premier plan, le spectateur est invité à se mettre à la place du personnage principal et à se poser cette question : a-t-on le droit de se faire justice soi-même ? Si au départ Diane est persuadée de la légitimité de sa démarche, elle l’est nettement moins quand elle est amenée à côtoyer la supposée meurtrière. Laquelle est de moins en moins une figure abstraite, elle a aussi une vie, une fille, des rêves. Ainsi s’estompent peu à peu le désir de vengeance et les certitudes qui étaient celle de Diane.

Mais que tout cela prend de temps à se mettre en place ! en multipliant les scènes de filature et de guet, le cinéaste suisse ne parvient qu’à diluer le tension. L’intrigue dont le centre se déplace constamment s’embourbe au fil des entrevues des deux femmes, si bien que notre attention finit par se perdre dans cet entremêlement de situations. On s’étonnera aussi de l’absence d’une enquête judiciaire !

Finalement, si le face-à-face entre Diane et Marlène est bien en place dans le registre de l’émotion pure et si tous les ingrédients du thriller psychologique sont réunis dans ce film, le résultat final nous laisse sur notre faim.