Effet aquatique (L')

Samir (Samir Guesmi), grutier immigré dans la quarantaine, homme timide habitué à voir le monde d’en haut, fait un plongeon dans la piscine municipale de la Seine Saint-Denis, pour mieux approcher Agathe (Florence Loiret-Caille), maître-nageur dont il est tombé raide amoureux après l’avoir surprise en train de repousser un malotru qui tentait de la prendre de force dans ses bras. Le côté rebelle et bourru de la jeune femme l’a séduit et il est prêt à tout pour l’approcher, même à feindre de ne pas savoir nager pour pouvoir prendre des leçons avec elle. Mais Agathe, qui déteste les mensonges, découvre vite le subterfuge .Alors le grand gars dégingandé s’invente un trauma infantile pour expliquer son incapacité à flotter dans l’eau. Le voilà pris dans un l’engrenage de mensonges, plus débiles les uns que les autres. Fasciné, il va jusqu’à suivre Agathe en Islande où se tient un congrès international des maîtres-nageurs. Là-bas, il est réduit par les circonstances à faire croire qu’il est un délégué d’Israël qui milite pour la paix avec La Palestine.

L’histoire est un brin loufoque, très loin des histoires d’amour classiques. Pas question pour Solveig Anspach de tomber dans un érotisme de bazar. La réalisatrice, décédée d’un cancer avant la sortie de son long métrage, s’est attachée à décrire des personnages fragiles et francs de collier. La prof de natation est tout sauf sexy, et l’amour que lui porte Samir est tout sauf bidon. C’est sous l’eau que les deux protagonistes se regardent pour la première fois les yeux dans les yeux. «L’effet aquatique» agit. Il ne reste plus au spectateur qu’à se laisser flotter comme les deux personnages dans les eaux de ce film tendre et léger.