Terre et l’ombre (La)

Affiche Terre et l’ombre (La)
Réalisé par Cesare Acevedo
Titre original La Tierra y la Sombra
Pays de production Colombie
Année 2015
Durée
Genre Drame
Distributeur trigonfilm
Acteurs Haimer Leal, Hilda Ruiz, Edison Raigosa, Marleyda Soto, José Felipe Cárdenas
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 750
Bande annonce (Allociné)

Critique

Autrefois, la maison était entourée d’orangers et d’arbres de pluie. Aujourd’hui son périmètre est enserré par la canne à sucre; il lui reste un arbre, avec ses oiseaux, et un banc où vient s’asseoir Gerardo (Edison Raigosa), gravement malade. Alfonso (Haimer Leal), le père, est revenu après dix-sept ans d’absence pour aider son fils et sa famille. Pour cette dernière, l’alternative est déchirante: continuer à défendre sa terre ou mourir à cause des cendres que provoque le brûlage de la canne à sucre.

A 28 ans, le réalisateur colombien signe un premier long métrage d’une dimension tragique, construit sur sa propre histoire. La région d’où il vient est vouée à l’industrie de sucre. «Mon intention était de parler des personnes meurtries par une idée paradoxale du progrès qui a généré de nombreux problèmes sociaux, invisibles aux yeux de l’histoire.»

Le progrès est l’industrie qui donne du travail à tout le monde, donc un salaire. Mais le paysan y perd ses propres cultures et sa vie autarcique, il est exploité désormais; c’est le paradoxe. La famille mise en scène ici symbolise toutes les autres, abandonnées au chantage des grandes entreprises. Faire la grève pour être enfin payé, c’est surtout courir le risque d’être renvoyé.

Toutefois le principal aspect du film est le lien familial. Alfonso a quitté les siens pour une autre vie, tandis que sa femme a voulu forcer le destin en défendant sa terre. Face à la gravité des circonstances, il revient pour aider, mais doit aussi renouer avec les siens, faire la connaissance de son petit-fils, regagner leur confiance et s’imposer comme un soutien.

Acevedo est économe en dialogue mais jamais avare de temps. Les mots s’effacent au profit d’une image magnifique de sobriété, cadrée sur le strict nécessaire. Il l’étire dans la lenteur et dans la durée en usant du plan-séquence; le spectateur peut y prendre la mesure de la douleur, de la maladie, du tourment qu’est le choix. Face à la complexité des décisions à prendre, l’atermoiement se conçoit. Les plans prennent alors une dimension universelle, celle de la souffrance des humbles, scandale que l’humanité continue de porter en elle sans parvenir à l’éradiquer.
Avec La terre et l’ombre, Cesare Acevedo a obtenu le prix du premier long métrage au festival de Cannes 2015, section La Caméra d’or.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15