Réalisé par | Philippe Falardeau |
Pays de production | Canada |
Année | 2015 |
Durée | |
Musique | Martin Léon |
Genre | Comédie |
Distributeur | agorafilms |
Acteurs | Suzanne Clément, Patrick Huard, Irdens Exantus, Clémence Dufresne-Deslières, Robin Aubert |
Age légal | 8 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 750 |
Il n’est pas facile de réaliser une bonne comédie. Il n’est pas facile non plus de faire une politique honnête. Dans Guibord s’en va-t-en guerre, Philippe Falardeau (Monsieur Lazhar, 2011) joue avec ces deux assertions; il doit contredire la première et prouver la deuxième. Le pari est tenu avec un excellent film qui souligne sans jamais perdre son humour la complexité des enjeux de gouvernance et … celle des promesses à tenir.
Guibord (Patrick Huard) est député indépendant d’un vaste Comté du nord du Québec. Par un malheureux concours de circonstance, le voici obligé de voter sur l’entrée en guerre, ou non, du Canada dans un conflit au Moyen-Orient. Aidé par sa femme et sa fille (Suzanne Clément et Clémence Dufrênes-Deslières), assisté par Souverain (Irdens Exantus) son stagiaire haïtien, le politicien faufile sa conscience entre différents groupes de pression. Décidé à s’en remettre à la démocratie directe, il part pour une série de rencontres avec ses électeurs.
Entendre les autorités politiques balancer d’une opposition à l’autre n’est guère intéressant pour un public qui se retrouve plus facilement à voter dans les réseaux informatiques que dans les urnes. Les voir courir les électeurs non plus. Afin d’éviter le piège de l’ennui, le réalisateur québécois a introduit, avec le stagiaire haïtien, une sorte de débat entre Port-au-Prince et Ottawa. «Nous qui envoyons nos observateurs du Nord superviser les élections dans les pays du Sud, pourquoi ne ferions-nous pas l'inverse?», s’est-il demandé.
C’est l’idée de génie qui donne beaucoup de sel au scénario. Comparaisons tout en finesses, regards prudents du «Tiers-Monde» sur le Nord et ses méthodes éprouvées, choc entre la théorie académique - Souverain le bien nommé cite Tocqueville, Rousseau, Montesquieu - et la platitude de la réalité… Bref, autant de découvertes réciproques qui nourrissent le débat de jolies surprises.
Jolie surprise aussi que le personnage de Guibord! A l’inverse de la caricature, son caractère bien construit incarne le politicien honnête, luttant pour ses idées, mais ne voyant pas toujours comment sauver son âme. Surtout lorsqu’on est comme lui flanqué d’une famille qui vous aime, mais dont les points de vue sont opposés…
Au final, entre les avatars de positions contradictoires et les risques d’un engagement pris à la légère, Falardeau semble trouver sans peine un juste milieu pour son personnage. Il sait marier l’humour à la réflexion, si bien que sa critique subtile du pouvoir se double d’un authentique plaisir de cinéma. «La politique est l’art de l’impossible, possible», décrètent les personnages de son film. Lui démontre que la comédie répond à la même définition.
Geneviève Praplan
Nom | Notes |
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Geneviève Praplan | 15 |
Antoine Rochat | 16 |
Anne-Béatrice Schwab | 16 |
Georges Blanc | 15 |