Réalisé par | Michael Dudok de Wit |
Pays de production | France, Belgique |
Année | 2016 |
Durée | |
Musique | Laurent Perez Del Mar |
Genre | Animation |
Distributeur | filmcoopi |
Acteurs | Jennifer Peedom |
Age légal | 8 ans |
Age suggéré | 12 ans |
N° cinéfeuilles | 750 |
Ce premier long métrage d'animation sans dialogue est un pari audacieux, concourant pour la Caméra d'or. Les premières images sont saisissantes: une mer déchaînée, et un homme luttant contre les vagues pour rester en vie. Il échoue sur une île déserte, avec comme seuls compagnons des oiseaux, des tortures et des crabes. Il organise sa survie et surtout construit des radeaux pour quitter l'endroit mais il est confronté à une tortue de mer géante qui à chaque fois, l'empêche de partir.
La Tortue rouge raconte le Cycle de vie, soit les grandes étapes qui jalonnent l'existence d'un humain. Une vérité essentielle de la vie, décrite simplement, de manière épurée mais intense. Le rapport à l'environnement est un facteur primordial, la nature et ses caprices étant au centre de l'action. Une nature certes bienveillante mais souvent cruelle, et dont les bruits et les sons remplacent les mots, totalement absents, offrant un langage universel. Le rythme est lent mais nous hypnotise, nous plongeant en parfaite symbiose avec la solitude et les angoisses de ce naufragé.
Michaël Dudok de Wit s'était fait remarqué avec ses courts-métrages. Grâce à son talent et à la qualité de son animation, son projet a été soutenu dès l'origine par le studio Prima Linea (situé à Paris et à Angoulême) ; Pascale Ferran a travaillé le scénario et on reconnaît la qualité de sa plume dans la narration.
Un beau moment poétique dans la compétition d'Un Certain regard… un moment de bonheur et de contemplation bienvenu dans ce monde où tout va trop vite…
Nadia Roch
On connaît, depuis Robinson Crusoé, le naufragé rejeté sur une île déserte qui s’affaire à se construire une nouvelle existence en attendant le bateau salvateur. La tortue rouge raconte tout autre chose; c’est un film qui parle du temps qui passe et des générations qui se renouvellent.
Le naufragé a commencé par explorer la terre où il a échoué. L’île n’offre rien d’autre que des forêts de bambous, des rochers, quelques lacs minuscules, beaucoup d’oiseaux et d’animaux. L’homme construit un radeau et prend la mer. Mais un choc venu des grands fonds disloque la frêle plate-forme. Une fois, deux fois. Jusqu’au jour où il découvre une tortue rouge. Désespéré, fou de rage, il la retourne sur le dos pour se venger, ignorant qu’il va déclencher un sortilège.
Michael Dudok de Wit, réalisateur néerlandais de films d’animation, signe à 61 ans son premier long métrage. Celui-ci frappe d’emblée par la grande beauté des images, la délicatesse des contours, la transparence des couleurs… Elles évoquent les unes après les autres les estampes japonaises. Tout a été esquissé au fusain, puis frotté à la paume de la main afin de donner une texture au dessin. Seuls le radeau et les tortues ont été animés par la technique numérique.
L’histoire est très fluide, elle ressemble à un nuage, quelque chose qu’on voit, qui fuit, qu’on ne peut attraper, c’est le temps. Comment mesurer les heures qui passent quand il n’y a plus que la mer et la forêt, le soleil et la lune, le jour, la nuit? «Le film utilise le temps pour raconter l’absence de temps, un peu comme la musique peut mettre en valeur le silence.» Le temps qui passe mène forcément à la mort; c’est aussi le sujet de film qui veut transmettre, selon le réalisateur, «une compréhension intuitive que nous sommes la vie pure et que nous n’avons pas besoin de nous opposer à la mort.»
La tortue rouge fait donc appel à des clés poétiques pour se laisser appréhender. Les jours succèdent au jour, les cycles se reproduisent comme en un songe, concrétisés par des détails savoureux. Les familles de petits crabes merveilleusement animés, par exemple, ou les grands envols d’oiseaux.
L’action des animations commerciales est complètement étrangère à ce genre d’œuvre. Toute la place est accordée à la pensée, à l’imaginaire, à la reconnaissance par l’homme de sa condition. La tortue rouge dit la vanité de la course permanente à la recherche d’un enchantement qu’on ne peut trouver qu’en faisant le vide autour de soi.
Geneviève Praplan
Serge Molla
Nom | Notes |
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Nadia Roch | 17 |
Antoine Rochat | 17 |
Geneviève Praplan | 15 |
Anne-Béatrice Schwab | 15 |
Georges Blanc | 15 |