Merci patron!

Affiche Merci patron!
Réalisé par François Ruffin
Pays de production France
Année 2015
Durée
Genre Documentaire
Distributeur looknow
Acteurs François Ruffin, la famille Klur, la syndicaliste Marie-Hélène Bourlard
Age légal 8 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 749
Bande annonce (Allociné)

Critique

Journaliste, fondateur du journal Fakir, témoin depuis une quinzaine d’années des fermetures d’usine dans le nord de la France, François Ruffin a voulu changer de registre. Avec son film, il explore l’humour afin de ne pas «enfoncer le clou» d’un mal-être ravageur. Et pour cause! Jocelyne et Serge Klur ont perdu leur travail il y a quatre ans, lorsque l’usine de costumes Kenzo a fermé pour être déplacée en Pologne. Aujourd’hui leur endettement va leur coûter la saisie de leur maison.

Ruffin, qui construit son film à la manière concrète et provocatrice de l’Etasunien Michael Moore, décide de participer à l’assemblée générale du groupe de luxe LVMH qui a fermé l’usine Kenzo. Il doit exister un moyen d’atteindre le PDG Bernard Arnaud, l’homme le plus riche de France et de ce fait bien trop éloigné de la réalité pour s’intéresser à ceux de ses collaborateurs qu’il met au chômage.

Le film souffre de son manque de moyens. Il n’empêche! Le réalisateur accroche le public en le faisant participer au plan qu’il élabore pour tenter d’arriver à ses fins. L’affaire, rondement menée, est suivie de bout en bout, sans une larme de la part des demandeurs d’emploi. Elle ne manque pas d’édifier. D’abord, quant à la facilité d’obtenir justice si l’on est rusé. Ensuite, quant au mépris dont font preuve les hauts dirigeants. Enfin, quant à l’importance que ces derniers accordent à leur image.

Avec un rythme agréable, un ton doucement satirique, des constats justes et mesurés, Merci patron! sait convaincre. On comprend son succès - plus de 300'000 spectateurs en deux mois, porté par le mouvement Nuit debout, lui aussi lancé par François Ruffin. L’aventure incroyable de la famille Klur est un cas résolu parmi une foule d’autres souffrances, mais elle ne pouvait que stimuler les victimes d’un enrichissement injuste.


 Commentaire de René Hamm

François Ruffin et Mille et une Productions avaient tablé initialement sur une subvention du Centre national du cinéma et de l’image animée. Au lieu des 80 000 euros espérés, ils n’ont rien reçu de l’instance dirigée par la socialiste Frédérique Bredin… Les lecteur(-trice)s et l’équipe du bimestriel amiénois Fakir (No 1publié en décembre 1999) ont intégralement financé Merci patron!, qui a coûté 160 000 €, trois fois moins qu’un documentaire «classique».

Projeté pour la première fois en public, le vendredi 15 mai 2015 dans le cadre de la 34ème Foire éco-bio de Colmar (Haut-Rhin), le film avait circulé dans des circuits parallèles avant sa sortie officielle, sur les écrans français, le mercredi 24 février 2016. François Ruffin a acquis en quelques semaines une célébrité dépassant largement les frontières de l’Hexagone. Il ne s’attendait nullement à un tel engouement. D’ores et déjà, plus de 500 000 personnes ont vu sa «fable» aussi burlesque que rocambolesque. Dans cette «bataille pleine d’impuretés», le matois journaliste use de méthodes retorses pour abuser l’émissaire de Bernard Arnault, le très vorace PDG de Louis Vuitton Moët Hennessy, premier groupe mondial pour les produits de luxe. Mais quid des millions d’autres Klur, sacrifié(-e)s sans vergogne par des oligarques uniquement mus par le profit maximal?... Si le réalisateur se flatte de la comparaison avec Michael Moore, son long-métrage se situe plutôt dans la lignée des Nouveaux chiens de garde de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 12
Antoine Rochat 16
Ancien membre 13