Journey in Sensuality

Affiche Journey in Sensuality
Réalisé par Ruedi Gerber
Pays de production Suisse
Année 2016
Durée
Genre Documentaire
Distributeur frenetic
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 750

Critique

Un interprète (danseur ou comédien, peu importe), couché par terre, se lève et lance ses bras en l’air. Il y a deux manières d’appréhender cette action. On peut le faire dans un mouvement abouti et spontané, poussé par l’émotion du moment et la chose à jouer. Ou alors, le faire comme l’enseigne la chorégraphe américaine Anna Halprin tout au long de ce documentaire, interminable malgré ses 60 minutes: se séparer très lentement de la Terre qui nous a enfanté, s’élever vers le soleil en observant avec un émerveillement constamment renouvelé la façon dont les genoux et le bassin fonctionnent, et placer son corps dans une parfaite communauté mystique entre les deux. Ce film, réservé à un petit cercle d’initiés, nous montre la chorégraphe donnant un cours à ses élèves sur une plage, un stage aboutissant à une performance (terme très à la mode aujourd’hui dans le monde du spectacle) devant des spectateurs médusés de voir des danseurs nus, couverts d’algues, faire des mouvements abstraits dans des arbres ou sur le sable. On sent que ces spectateurs se disent qu’ils sont obligés de trouver cela novateur et fascinant, de peur de passer pour des crétins incultes.

Certes, un artiste doit être conscient des éléments qui l’entourent et travailler avec. Mais ce documentaire est la parfaite démonstration d’un fait très dommage: aujourd’hui, le spectacle vivant, ludique et populaire cède de plus en plus la place à des performances abstraites réservées à une élite. Si les exercices proposés par la chorégraphe sont utiles pour développer sa technique, ils ne devraient pas constituer une représentation, et encore moins un film.

Deux choses sont touchantes: La chorégraphe ayant choisi de s’inspirer des sculptures de Rodin, on en voit de nombreuses dans le film, nous montrant que l’Art, le vrai, était plus de son côté que de celui de ces adeptes du triturage cérébral d’avant-garde. Et l’autre, plus anecdotique, est d’entendre des extraits du testament de Rodin lus par Patrick Floersheim, une des plus célèbres et belles voix du doublage français, récemment décédé.

La sensualité devant être quelque chose de spontané et d’immédiat, le titre du film est mensonger. Il devrait plutôt s’appeler "Journey in prise de tête".

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 5
Anne-Béatrice Schwab 8