Gods and Monsters

Affiche Gods and Monsters
Réalisé par Bill Condon
Pays de production U.S.A., Grande-Bretagne
Année 1998
Durée
Musique Carter Burwell
Genre Biopic, Drame
Acteurs Brendan Fraser, Ian McKellen, Lynn Redgrave, Lolita Davidovich, Kevin J. O'Connor
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 399
Bande annonce (Allociné)

Critique

Oui, c'est un film de 1998! Etonnant, non? Comme disait Pierre Desproges - mais ré­jouissant de penser qu'une maison de distribution zurichoise ait décidé de donner sa chance à ce petit bijou (clin d'oeil à notre confrère Assault). Bijou de scénario, bijou d'interprétation, bijou de réalisation. Parfois un peu maniéré peut-être, mais quelle classe, quelle finesse, quel régal!

Un cinéaste relativement peu connu, des acteurs de théâtre plutôt que de cinéma, un vieil homosexuel - le personnage central - présenté avec plus de tact que de dérision: apparemment, pas de quoi casser la baraque. Et pourtant...

Inspiré par les derniers mois de la vie de James Whale, réalisateur dans les années 30 de FRANKENSTEIN et de LA FIANCEE DE FRANKENSTEIN, le film de Bill Condon est un bel hommage à la magie du ciné­ma comme à la tendresse et au vieillissement. Il incite à une méditation sur le rapport d'un créateur avec sa créature, sur le présent nourri par le passé, sur l'approche de la mort. GODS AND MONSTERS, «Dieux et monstres», le titre du film n'est pas usurpé.

Après le succès de ses films fantastiques, James Whale (magnifique Sir Ian McKellen, acteur «british» de toute grande classe) est tombé dans l'oubli et vivote une retraite esthétisante dans les parages d'Hol­lywood. Materné par sa gouvernante (savoureuse Lynn Redgrave - oui, la soeur de Vanessa...), il s'intéresse à son jeune et musculeux jardinier (Brendan Fraser, qui crève l'écran) et, en vrai Frankenstein, imagine d'en faire la créature qui le fera transiter vers la mort sans douleur.

Tranchant certes sur la production haletante actuelle, GODS AND MONSTERS risque peut-être de faire bâiller le spectateur pressé. Mais cet anti CAGE AUX FOLLES est un véritable rafraîchissement pour l'oeil (image très soignée) et pour l'oreille (le langage de Ian McKellen est un délice). Comme le distributeur, donnez-lui sa chance!

Daniel Grivel