Réalisé par | Arab, Tarzan Nasser |
Pays de production | France, Palestine, Qatar |
Année | 2015 |
Durée | |
Musique | Benjamin Grospiron |
Genre | Comédie dramatique |
Distributeur | frenetic |
Acteurs | Hiam Abbass, Victoria Balitska, Manal Awad, Mirna Sakhla, Maisa Abd Elhadi |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 745 |
Dans un salon de coiffure palestinien, le futile en dit long sur le quotidien des femmes confrontées à la dureté du réel, avant de glisser irrémédiablement.
Elles ne se connaissent pas, mais elles papotent volontiers les unes avec les autres en attendant leur tour, pour un soin ou une coupe, sans porter grande attention à la rue ensoleilléequi borde le salon de coiffure de Christina, immigrée russe. Ces voix palestiniennesont des accents universels en confrontant des personnalités étonnantes et hautes en couleur, de tous âges et de toutes catégories sociales... Ainsi, autour de la patronne et de son employée, constamment au téléphone avec son copain, se côtoient une divorcée amère, une musulmane très pratiquante, une lunatique accro aux drogues, une jeune fille s’apprêtant pour son mariage, une femme enceinte...
Dans un premier temps, leurs conversations sont légères et se font l’écho du quotidien à Gaza.Concrètement, cela signifie coupures d’électricité récurrentes, difficultés de transport, checkpoints à répétition, soins médicaux aléatoires, attentes et les déceptions relationnelles, éducation des enfants, les différences entre générations… Bref une vie compliquée en raison de la situation :« Ils [les Israéliens] ont des élections, nous la guerre ».
Tout ce petit univers bascule au moment où des tirs sporadiques se font entendre, car une faction du Hamas a décidé de régler son compte à une famille mafieuse qui a volé le lion du zoo de Gaza. Faut-il voir dans cet épisode une allusion à Yasser Arafat, que l’on surnommait le « Vieux Lion » ? C’est possible ; cela expliquerait la haine meurtrière qui oppose ici deux factions dont les femmes sont partiellement témoins. Vu le danger, il faut impérativement fermer la devanture : en quelques instants, lelieu de détente et de bien-être s’est transformé en un piège qui se referme sur ces femmes n’y pouvant rien. Et leur situation devient alors parabole de celle de leur peuple pris dans une guerre qui n’en finit pas.
S’il y a quelques minutes encore, elles ne faisaient que de se regarder,d’évaluer leurs âges respectifs, de comparer leur pouvoir de séduction ou de mesurer leurs connaissances,une fois le rideau de fer tombé, la tension monte et l’unité du gynécée paraît bien précaire. Le temps choisi d'un après-midi détente s’est mué en incarcérationimposée, qui révèle progressivement les caractères des unes et des autres, tout comme leurs forces et leurs faiblesses.
Ces femmes, incarnées par de solides comédiennes, permettent d’appréhender la réalité de toutes celles, qui, au jour le jour, tentent de résister à l’infernale pression d’un conflit qui s’éternise. Pour une fois, le monde des hommes reste marginal, même si elles le subissent, y compris dans ce lieu soi-disant protégé qu’est le salon de Christina. Un conflit, même larvé, n’est jamais propre, des êtres en font toujours les frais. A commencer bien souvent par ceux, et surtout celles qui portent la vie et ne demandent qu’à vivre normalement sans se mêler de politique.
Serge Molla
Nom | Notes |
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Serge Molla | 16 |
Georges Blanc | 12 |
Anne-Béatrice Schwab | 12 |
Geneviève Praplan | 15 |