Vies chinoises d’Uli Sigg (Les)

On repère la marque Sigg sur les casseroles et les gourdes militaires suisses... Une autre s’est fait une place majeure dans l’art contemporain chinois. Elle est portée par un Lucernois qui, dès l’adolescence, a considéré le monde comme un espace à conquérir. Champion d’aviron de haut niveau, journaliste économique, puis engagé chez Schindler, il a organisé la première collaboration entrepreneuriale occidentale avec la Chine communiste.
Cela se passait en 1980. Depuis, Uli Sigg a découvert la Chine et suivi étroitement ses bouleversements politique. En 1995, le Conseiller Fédéral Flavio Cotti le nomme ambassadeur de Suisse en Chine, Mongolie et Corée du Nord.

C’est l’époque où ce Suisse écoute sa passion pour l’art contemporain chinois et, devenus l’ami des artistes, alimente une collection qui devient bientôt la plus importante du genre au monde. En 2012, il en cède une grande partie à la ville de Hong Kong où les architectes bâlois Herzog & de Meuron construisent le musée destiné à l’abriter; l’inauguration du bâtiment - œuvre d’art en soi - aura lieu en 2019.

Michael Schindhelm évoque l’existence singulière de ce «Chinois» venu de Suisse en se risquant à une comparaison: «L’histoire de Marco Polo est sans fin. Elle continue à être racontée avec des variations. Jusqu’à nos jours. (…) Uli Sigg a pu - j’affirme: grâce à un enchaînement de hasards et une série de motivations personnelles - vivre dans une proximité intime comment le géant chinois s’est réveillé en 1979, avec la politique de la Porte ouverte, de son sommeil de près de deux cents ans.»

Les périodes concernées, - de 1979 à aujourd’hui - les interviewes d’artistes éclairent l’évolution politique de la Chine. C’est l’un des intérêts de ce documentaire qui, s’il ne cherche pas à faire l’éloge d’Uli Sigg, ne donne pas non plus la place à ses contradicteurs.
L’art contemporain chinois est une découverte pour l’Occident. Ses créateurs trouvent dans ce film l’occasion de s’expliquer; ainsi le célèbre Ai Weiwei et beaucoup d’autres, devenus fameux grâce au soutien du collectionneur Lucernois. C’est un autre intérêt de ce film, le plus important peut-être, par la disponibilité qu’il offre aux artistes et à leurs œuvres.