Sonita

Affiche Sonita
Réalisé par Rokhsareh Ghaem Maghami
Pays de production Allemagne, Iran, Suisse
Année 2016
Durée
Musique Moritz Denis
Genre Documentaire
Distributeur xnix
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 8 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 743

Critique

Rescapée de l’inacceptable condition féminine en Afghanistan, Sonita est devenue un symbole de la résistance. Par son courage et son talent.

Sonita avait 10 ans la première fois qu’elle a été promise en mariage. Mais à ce moment-là, une partie de la famille a fui avec elle en Iran pour échapper aux Talibans. La petite fille est restée à Téhéran avec sa sœur et sa nièce, élevée dans un centre d’accueil. Elle est allée à l’école, a travaillé pour gagner un peu sa vie. Elle s’est aussi découvert un avenir, la chanson, et un moyen d’expression, le rap. Elle a 16 ans, lorsque sa mère la rappelle au pays; elle y sera vendue pour 9000 dollars à un futur mari, un homme qu’elle ne connaît pas. L’argent doit payer le mariage de son propre frère. Sonita vit sa vie, rejette l’odieuse tradition, veut chanter à tout prix. Mais elle est loyale aussi, elle aime sa mère.

La réalisatrice iranienne Rokhsareh  Ghaem Maghami  attache ses pas à Sonita pendant trois ans. D’abord intéressée par le talent de la jeune afghane, elle découvre les menaces qui pèsent sur elle. «Le plus grand défi, c’était bien sûr sa mère» venue chercher sa fille pour la ramener au pays. «Vous connaissez le problème: si vous voulez aider, que se passera-t-il avec le film et si vous n’aidez pas qu’arrivera-t-il à cette relation humaine? Comment pouvais-je rester assise là et voir qu’ils l’enlevaient.» Elle paie donc 2000 dollars à la mère pour qu’elle accorde à sa fille un sursis de six mois.
Son documentaire commence de façon classique, mais peu à peu, elle s’immisce dans le film. D’abord par des questions en voix off qui incitent Sonita à s’expliquer, à préciser, puis par l’image, montrant ainsi le lien qui s’est tissé pendant le tournage et le parti pris par la cinéaste. Pour autant,  elle ne s’impose pas, donnant toute la part à Sonita et à ses projets. Rokhsareh  Ghaem Maghami illumine la belle  personnalité de l’adolescente.

Le film montre plus que l’itinéraire tourmenté de la jeune afghane. La vie des enfants migrants à Téhéran en occupe une part, ainsi que le centre d’aide et ses méthodes pour les libérer de leurs traumatismes, son généreux soutien dans un pays plus libéral, sur certains points, que celui où règnent les Talibans. La tutelle des coutumes y éclate, la force impassible de l’obscurantisme quand il s’agit de les respecter. Leur remise en question, même prudemment esquissée, se heurte à un «c’est comme ça», l’argument de l’ultime recours quand tous les autres ont été réfutés par la raison. Cela donne la mesure de l’opiniâtreté dont l’être humain est capable, incapable discuter le sens des rites les plus barbares, par crainte de voir s’effondrer un système.

Devenir adulte, dans ces conditions, c’est accepter ou résister. Sonita, artiste dans l’âme, trouve la force de tenir tête à sa mère car elle veut chanter; le rap qu’elle écrit se construit sur l’absurdité de ce qu’on lui impose. Mais sans l’aide tenace de la réalisatrice iranienne, elle n’y serait jamais parvenue. Ce qui fait apparaître le documentaire comme un échange permanent entre l’auteur et le sujet. La situation de Sonita évolue avec le film, ils se nourrissent l’un l’autre, aboutissent chacun grâce à l’autre. Intéressant propos de documentariste!

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15