Celui au pasteur

Affiche Celui au pasteur
Réalisé par Lionel Baier
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 10 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 398

Critique

Loin des méandres romantiques sur fond de Cognac, de vaisselle et de crise sociale du pasteur filmé par Olivier Assayas dans LES DESTINEES SENTIMENTALES, ce documentaire nous ramène au présent, et plus particulièrement au présent de l’Eglise réformée du canton de Vaud à travers le portrait de l’un de ses pasteurs. Rappelons que le documentaire est doté d’un sous-titre: «Ma vision personnelle des choses». En effet, le jeune réalisateur n’est autre que le fils du pasteur Baier.

Le sous-titre annonce la couleur. Le regard du fils est sans complaisance. Il est vrai qu’il ne s’épargne pas lui-même, laissant sa mère donner son avis sur l’attitude du fils envers le père quelques années auparavant: «Tu étais méprisant, et cela je le supportais mal». L’on appréciera donc cette probité du réalisateur autant que les questions parfois provocantes et les convictions d’Hugo Baier. Tous les dialogues portent et emmènent le spectateur dans toutes sortes de réflexions personnelles et libres. Il est vrai que l'on a là un personnage avec un P majuscule et aux multiples facettes reconnaissable chacune par un vêtement différent: uniforme militaire, robe pastorale, tenue de sport… Une scène pleine d’humour exprime fortement ce passage d’un état à un autre, où l’on voit le pasteur quitter un costume pour un autre avant un mariage. Un personnage sûr de lui au début, et l’on n’en croit pas ses oreilles, puis un personnage s’humanisant jusqu’à émouvoir. Et jouant le jeu devant la caméra et les questions avec une honnêteté qu’il faut saluer. Mais ne serait-ce pas facile pour lui qui affirme que «le pasteur est un acteur qui joue son propre rôle»?

Un père que le fils filme pour tenter de le comprendre, de le retrouver. Travail jamais achevé comme le suggère la dernière scène: le fils courant derrière le père, caméra à la main. Manière aussi, en conclusion, de résumer le projet du film en laissant les choses ouvertes.

Parfaitement équilibré, maîtrisé, jamais indiscret, le documentaire de Lionel Baier entrouvre avec talent la porte qui permet­tra au profane de se faire une première idée sur ce milieu si particulier qu’est l’Eglise et le petit monde des pasteurs.

Le film est précédé d’un court métrage bien fait sur le thème du désir.

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