Syndrome de Petrouchka (Le)

Affiche Syndrome de Petrouchka (Le)
Réalisé par Elena Hazanov
Titre original Puppet Syndrome
Pays de production Russie, Suisse
Année 2015
Durée
Genre
Distributeur jmhdistributions
Acteurs Chulpan Khamatova, Evgeny Mironov, Merab Ninidze, Zurab Kipshidze
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 742

Critique


Depuis sa tendre enfance Peter (Evgeny Mironov) s’est intéressé aux marionnettes, et il en fera plus tard son métier. Très jeune encore il fait la connaissance de Lisa (Chulpan Khamatova), la fille d’un citoyen russe aisé et très imbu de lui-même qui se mettra vite en travers de leur idylle. Peter et Lisa vont pourtant vivre ensemble, le premier voulant à tout prix faire de la seconde une femme parfaite. Mais Lisa refuse d’être assujettie et, à la mort de leur enfant, leur vie bascule. Tandis que Lisa souffre, Peter s’obstine : il va se créer alors une nouvelle muse, Alice, un double de Lisa, une marionnette sophistiquée, grandeur nature. Femme ou marionnette, Peter devra pourtant choisir…

Ainsi résumé, le film peut paraître étrange. Ce qui en fait pourtant l’intérêt c’est un constant va-et-vient entre le réel et l’imaginaire, entre le présent et le passé (qui ressurgit souvent au travers de rêves), entre une signification claire et une autre plus complexe. Obsédé par son métier de marionnettiste, Peter s’entête, voulant façonner une Lisa pour lui tout seul. Mais celle-ci se rebellera contre son créateur.

Très proche du roman sans doute, le film adopte une trajectoire temporelle originale, pas toujours facile à suivre : transporté dans le temps le spectateur peut se sentir désarçonné (libre à lui parfois de trouver les significations ultimes!). Les thèmes musicaux permettent d’identifier un certain nombre de repères temporels tout au long d’une histoire qui se situe dans un monde artistique (représentations de marionnettes et spectacles de danse), entre la
réalité quotidienne d’une vie à deux et les fantasmes d’une existence rêvée. On circule dans un univers qui côtoie parfois la sorcellerie et les malédictions (proférées par des marionnettes conditionnées de cas en cas par des êtres humains !). Sans oublier les interventions et commentaires d’un ami psychiatre, proche de Lisa, et dont le positionnement existentiel est à la fois utile et ambigu.

Les deux acteurs principaux sont des comédiens de grand talent (ce sont d’immenses stars en Russie). Leur interprétation – on passe de spectacles de danse à des scènes intimistes, ou de jeux de marionnettes à la vie réelle – est parfaite. La cinéaste a su créer un climat particulier, et la musique du compositeur suisse Nicolas Rabaeus est excellente, tantôt poétique, tantôt tragique. Voilà une histoire à la fois originale, riche et universelle, racontée avec sensibilité et retenue, avec un soin tout particulier donné aux décors, aux couleurs et à l’atmosphère. Et qui laisse bonne place à la réflexion personnelle.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16
Anne-Béatrice Schwab 15