Dernier jour d’Yitzhak Rabin (Le)

Affiche Dernier jour d’Yitzhak Rabin (Le)
Réalisé par Amos Gitaï
Pays de production Israël, France
Année 2015
Durée
Musique Amit Poznansky
Genre Drame, Thriller
Distributeur Adok Film
Acteurs Tomer Sisley, Ischac Hiskiya, Pini Mitelman, Michael Warshaviak, Einat Weizman
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 742
Bande annonce (Allociné)

Critique

Yitzak Rabin devient Premier ministre d’Israël pour la seconde fois en 1992. Dès lors, avec son collègue Shimon Perez – tous deux sont membres du parti travailliste – il s’emploie activement à l’élaboration des accords de paix d’Oslo, qu’il signe le 13 septembre 1993, après une poignée de main inoubliable avec le Chef de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Ce dernier affirme reconnaître l’Etat d’Israël et renoncer à la violence.
Serait-ce enfin la paix? Certes non. La droite extrémiste israélienne manifeste dès lors une haine tenace à Rabin, cet homme de bien, l’accusant de traîtrise à la patrie pour avoir bradé les territoires de la «Terre promise». Rien n’empêche le Premier ministre d’aller de l’avant, défendant la paix, envers et contre tout. Il reçoit le Prix Nobel de la paix en 1994, partagé entre Shimon Perez et Yasser Arafat. Mais le 4 novembre de l’année suivante, après un discours prononcé sur le thème qui lui est cher, il est abattu de deux balles dans le dos, tirées à bout portant par un étudiant juif d’extrême-droite.
L’an dernier, le monde entier a commémoré le vingtième anniversaire de ce drame qui a lourdement freiné la marche vers la paix entre Israéliens et Palestiniens. Où en est Israël aujourd’hui? «Mon cher pays, que j’aime beaucoup, ne va pas très bien, répond Amos Gitaï. Lui manque, en particulier, une figure politique qui aurait le courage, je dirais même l’optimisme, en dépit de tout ce qui se passe au Proche-Orient, d’avancer, de tendre la main, d’ouvrir un dialogue dans ce monde impossible. Cette absence d’un personnage visionnaire est dramatique.»

Voilà pourquoi le réalisateur israélien a consacré un film à Yitzhak Rabin, l’homme qui voyait plus loin. «C’était l’occasion de poser une question à la société israélienne» explique-t-il. Cette question est cruciale. Car Gitaï, qui était un proche du Premier ministre, possède des quantités de textes et de témoignages qu’il révèle ici au public.

Il a filmé des apparitions publiques de Rabin, des réunions de religieux, des manifestations de colons, des séances de membres de l’extrême-droite. Aux images d’archives, il mêle des reconstitutions fictives dont les paroles sont scrupuleusement vérifiées. «Pour chaque dialogue, il existe des documents attestant des mots véritablement prononcés.»

La question qui hante Gitaï est celle de savoir «pourquoi on a voulu assassiner un homme aussi intègre.» Et si cette interrogation est cruciale pour l’Etat d’Israël, c’est parce qu’elle éclaire de façon crue et indiscutable le contexte dans lequel s’est affirmée la volonté d’abattre Yitzhak Rabin, ainsi que la mise à exécution du projet.

Ainsi suit-on l’enquête menée par une Commission d’Etat sérieuse et honnête, présidée par le juge Meir Shamgar. Mais, son mandat ne portait que sur les défaillances de la sécurité qui ont rendu le drame possible. Si le climat de haine et d’incitation à la violence qui entourait le Premier ministre y a bien été mesuré, il n’a pas pu figurer dans le rapport final.

C’est ce travail incomplet que termine le réalisateur. Ses images sont terribles. Gardons-en une: celle où l’on voit le député Netanyahou excitant contre Rabin une foule hystérique et hurlant: «mort au traitre!» Et demandons-nous: que peuvent devenir Israël et la cause palestinienne, alors que ce député-là est le Premier ministre d’aujourd’hui?

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 18
Serge Molla 16
Antoine Rochat 15