Tempête

A 36 ans et divorcé, Dom (Dominique Leborne) est marin pêcheur en haute mer et ne rentre que quelques jours par mois à terre. En dépit de ses longues absences, il a la garde de ses enfants et fait tout pour être un père à la hauteur. Il rêve même d’avoir sa propre affaire en achetant un bateau de pêche à la journée qu’il exploiterait avec son fils. Assez grands pour s’assumer, ses enfants Mailys et Matteo n’en sont pas moins deux adolescents qui font leurs propres expériences. L’une d’elles, malheureuse, va forcer Dom à faire un choix entre son métier au grand large et sa vie de famille.

Renouant avec la méthode semi-documentaire qu’il avait utilisée pour son remarquable premier film L’Apprenti (2008), Samuel Collardey dirige un trio de comédiens non professionnels qui rejouent sous une forme scénarisée des événements vécus par eux quelques années plus tôt. C’est un vrai pari cinématographique de porter ainsi à l’écran l’histoire de Dom jouant son propre rôle avec ses propres enfants. Le personnage du père est en permanence tiraillé par les contraintes matérielles et temporelles de son métier, dont l’éloignement l’empêche d’assumer pleinement une paternité réduite à fournir des ressources pécuniaires bien minces. Pourtant ce film sur la pauvreté ne sombre jamais dans le misérabilisme. C’est l’intériorité d’un personnage qui est filmée en toute objectivité.

Le titre du film Tempête évoque aussi bien le contexte de l’histoire que l’évolution des rapports entre le père et ses enfants, plus particulièrement avec Mailys. Quelles plongées grandioses dans un Atlantique des plus houleux! Et quelles scènes éprouvantes entre un père dépassé par la situation et sa fille en pleine révolte! Mais par-dessus tout, quel magistral portrait que celui de ce père aimant, époustouflant de naturel, mais si maladroit?

Prix du meilleur interprète masculin à Venise.