Anomalisa

Michael Stone, marié, père de famille et auteur reconnu d’un essai intitulé «Comment puis-je vous aider à les aider?» est un homme sclérosé par la banalité de son existence. Lors d’un voyage d’affaires qui le conduit à Cincinnati, où il est appelé à intervenir dans un congrès de professionnels des services clients de différentes entreprises, il doit déjà supporter les réflexions des plus banales de son voisin de cabine. Et rebelote de la part du chauffeur de taxi qui l’amène à son hôtel. C’est là qu’il entrevoit la possibilité d’échapper à son désespoir quand il fait la connaissance de Lisa. Est-ce que cette fille, représentante dans une entreprise de vente de pâtisseries en gros, elle-même également mal dans sa peau, est-ce que cette fille pourrait être l’amour de sa vie?

L’originalité de ce film d’animation tient au fait qu’il est construit à l’aide de figurines très proches de la réalité, son titre Anomalisa exprimant la grande ironie que propose la mise en scène. «La standardisation des comportements, renforcée par l’aspect morcelé de la physionomie des visages, est ici déconstruite par la mélancolie et la déprime de rêves d’évasion communs sans l’imagination d’un ailleurs possible.» Ces propos de la revue «Positif» expriment bien notre blocage face à l’absurdité de ces personnages étalant leur misère affective et nous empêchent d’adhérer aux critiques dithyrambiques qui ont vu dans ce tableau onirique une fresque non-conventionnelle «Mélancomique» et surréaliste méritant bien son Grand Prix du jury de la Mostra de Venise en 2015.