Réalisé par | Stefan Schwietert |
Pays de production | Suisse, Allemagne |
Année | 2015 |
Durée | |
Genre | Documentaire |
Distributeur | looknow |
Acteurs | Jennifer Peedom |
Age légal | 10 ans |
Age suggéré | 12 ans |
N° cinéfeuilles | 737 |
Contre
Le titre Imagine waking up tomorrow and all music has disappeared, est-ce une idée farfelue ? Si un jour la musique disparaissait totalement de la surface de la Terre, sans laisser aucune trace, que pourrait-on faire Bill Drummond, musicien pop et artiste, part de cette hypothèse et entame une expérience pour le moins radicale et curieuse: il se met à parcourir en voiture l’Angleterre, l’Irlande et le Pays de Galles, suivant la même ligne de latitude géographique, en demandant aux gens abordés le long de sa route de lui chanter une ou deux notes ou de fredonner un air qui n’existe pas. Il enregistre ces «créations», les écoute une seule fois et efface le fichier…
Le réalisateur suisse Stefan Schwietert accompagne Drummond tout au long de ce voyage bizarre, qui se voudrait peut-être aussi une tentative de découvrir le monde et les gens. Le cinéaste cherche-t-il à capturer avec sa caméra leurs réactions étonnées? S’agirait-il d’un tableau de notre société? Drummond semble par moments prendre plaisir à cette recherche, mais il n’en va pas nécessairement de même pour le spectateur, qui renâcle à suivre ce curieux collectionneur de notes et de bruits improvisés. Le contact avec les gens croisés est superficiel, et par ailleurs Drummond est seul à écouter le résultat de ses prises de son. Le spectateur ne peut rien entendre: pour avoir le droit d’auditionner, il faudrait faire partie de «The 17», le nom que le musicien a donné à son «groupe» éphémère constitué d’intervenants dispersés le long de la route.
Bill Drummond n’est certes pas le dernier venu: musicien pop dans l’ensemble «Big in Japan», puis créateur de son propre groupe «The KLF», c’est un esprit anarchique, un punk authentique, une star qui s’est médiatisée en brûlant en public – un acte de guérilla très controversé – un million de livres sterling. Mais tout cela ne fait pas un bon documentaire. On a vite compris que la bande sonore du film sera réduite à quelques notes chorales et aux bruits ambiants.
L’expérience s’enlise très rapidement, et le tableau social de la diversité des individus rencontrés sur le chemin fait vite fiasco aussi. Restent, si l’on veut parler cinéma, quelques belles images des campagnes et des régions traversées par Drummond, quelques notes etbruits étranges, mais cela ne suffit pas, et de loin pas, à susciter l’intérêt du spectateur.
Antoine Rochat
A noter que ce documentaire a obtenu le Sesterce du Meilleur long métrage suisse au Festival Visions du réel à Nyon en 2015.
Pour
Bill Drummond est un personnage radical, subversif, et le réalisateur a su magnifiquement capter sa quête exigeante, âpre, à l’image de ces falaises filmées quelque part en Ecosse, lieu de l’ultime rendez-vous des sons enregistrés et du silence. Expérimentale, la démarche du musicien emprunte des chemins de traverse pour rendre attentif à la musique du quotidien et à son écoute: tendre l’oreille à l’univers sonore des diverses communautés rencontrées, écouter les sons émis par ceux qui nous entourent, par notre monde environnant, par nous-mêmes.
Avec pertinence, Bill Drummond met le doigt sur la consommation effrénée et le mercantilisme liés à la musique, banalisée par l’inflation des supports d’enregistrement, de stockage, de diffusion et d’écoute. Ce road movie déconcertant et énergisant ramène à l’essentiel.
Serge Molla
Nom | Notes |
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Antoine Rochat | 5 |
Anne-Béatrice Schwab | 16 |
Serge Molla | 12 |