Suburra

Stefano Sollima signe un film spectaculaire, mené par d’excellents acteurs, sur les liens entre la grande criminalité et les institutions italiennes. Dans la Rome antique, le subure était le quartier des pauvres. Le titre du film évoque des régions mal famées d’Ostia qui pourraient devenir un vaste complexe de casinos, hôtels de luxe et maisons de prostitutions. A cet effet, la mafia compte sur un vote positif qui doit avoir lieu au Parlement italien en ce début novembre 2011.

Parmi les députés, Filippo Malgradi (PierfrancescoFavino)est très porté sur les parties fines. Jusqu’au soir où une prostituée mineure meurt d’une surdose de cocaïne. Essayant de cacher le drame, le politicien se trouve rapidement dépassé par un enchaînement qui met en lumière les intérêts de divers groupes. Outre les partis politiques, le Vatican, les familles mafieuses et gitanes, les petits poissons dont Ostia est le repère tentent eux aussi de se hisser jusqu’au pouvoir.

Peinture glaçante de la corruption, Suburra déroule le fil des relations, leur fonctionnement basé sur le chantage et la menace de mort. Quels que soient les protagonistes, quel que soit leur niveau dans la hiérarchie de leur organisation, ils revendiquent tous les attributs du luxe – drogue, sexe, argent, voitures, villas, mauvais goût souvent – et n’ont, au fond, pas d’autre intérêt que celui-là.

C’est ce qui ressort d’un scénario classique, mais efficace. Le récit est factuel, brut, sans revendication moraliste; le constatsuffit. Fresque d’une humanité corrompue, spectacle d’une course au pouvoir qui ressemble surtout à une incommensurable misère, le film de Stefano Sollima ne laisse pas beaucoup d’espoir à une société libérée de la corruption.