Jeunesse allemande (Une)

Comment des jeunes issus de la bourgeoisie allemande, sur les épaules desquels pesait le poids étouffant du passé nazi de leurs pères, sont-ils passés de manifestations anticapitalistes pacifiques au terrorisme qui a ravagé l’Allemagne dans les années 70? C’est ce qu’a voulu comprendre le réalisateur Jean-Gabriel Périot en explorant longuement les archives sonores et visuelles de l’époque, souvent inédites, tournées aussi bien par les télévisions ouest-allemandes que par les militants de la Fraction Armée Rouge (RAF) eux-mêmes, surnommée la bande à Baader. On découvre ainsi les figures emblématiques du mouvement d’extrême gauche allemand, soit Ulrike Meinhof, journaliste, Andreas Baader, Holger Meins, cinéaste, Gudrun Ensslin et Horst Mahler, avocat, fondateurs du mouvement d’insurrection. Le documentariste Jean-Gabriel Périot, qui est aussi artiste plasticien, suit le processus de radicalisation et le basculement  dans la violence de ces militants idéalistes en colère, qui veulent défendre les masses exploitées et opprimées, mais qui ne sont pas suivis ni même compris par elles.

ucune voix off pour commenter les images d’archives que le réalisateur a patiemment exhumées et c’est tant mieux: il laisse au spectateur toute latitude pour se faire sa propre opinion sur ce mouvement révolutionnaire d’inspiration maoïste et le contexte de son époque, marquée par la poigne de fer du chancelier social-démocrate Helmut Schmidt, les anciens nazis tous recasés, la guerre du Vietnam et le conflit de générations, qui ont poussé certains jeunes à la radicalisation. «Dans mes films, je ne donne pas de réponses, je suis déjà content quand j’arrive à poser des questions», explique-t-il. Le film permet à ceux qui ont connu cette époque à travers ce que les médias ont bien voulu en rapporter, de pouvoir mieux en comprendre les enjeux, les autres découvriront un pan d’une époque explosive mais singulièrement proche, vu les attentats qui ont eu lieu récemment.