Program (The)

Affiche Program (The)
Réalisé par Stephen Frears
Pays de production Grande-Bretagne, France
Année 2015
Durée
Musique Alex Heffes
Genre Biopic, Drame
Distributeur inconnu
Acteurs Guillaume Canet, Ben Foster, Chris O'Dowd, Jesse Plemons, Lee Pace
Age légal 6 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 732
Bande annonce (Allociné)

Critique

Oscillant entre le thriller psychologique et le biopic sportif, ce film revient sur le plus grand scandale de l'histoire du cyclisme.

Le cinéaste s'est inspiré du livre de David Walsh Seven deadly sins. My poursuit of Lance Armstrong (Sept péchés capitaux, à la poursuite de Lance Armstrong) pour parler des coulisses peu reluisants du monde du sport. Il revient sur le parcours de Lance Armstong (interprété par un impressionnant Ben Foster) dont la chute a été a l'image de son ascension: vertigineuse! La question est posée: ce cycliste est-il un héros ou un vulgaire tricheur? Probablement un peu des deux, en tous les cas un personnage de contradictions.

Les premières images sont révélatrices: un homme, souffrant sur son vélo dans un paysage impressionnant, donnant l'impression d'une extrême solitude.  Puis, ce jeune Lance qui s'aligne pour la première fois sur la ligne de départ du Tour de France, enthousiaste. Un concurrent lui demande ce qu'il a pris... le décor est planté. Dès lors, le piège se referme sur lui et il entre dans cet engrenage infernal: le dopage. Sa soif de vaincre est la plus forte et sa rencontre avec Michele Ferrrari (Incroyable Guillaume Canet), un charlatan hydeux mais génial, qui deviendra son médecin personnel, n'arrangera rien.

Son destin est tout de même atypique: atteint d'un cancer des testicules, accompagné de métastases au cerveau, il lutte et combat la maladie avec un courage inégalable. Survivant, il remonte sur son vélo et décide de tout mettre en œuvre pour être le meilleur. Parallèlement, il crée «la Livestrong Foundation», son association de lutte contre le cancer: il investit du temps pour visiter les enfants et les malades dans les hôpitaux... il redonne espoir aux gens et devient un exemple... Cette situation par ailleurs fait que personne ne le pense capable de prendre des produits susceptibles de nuire à sa santé, après avoir surmonté la chimiothérapie et tellement lutté pour son existence.

Le parti pris de Stephen Frears n'est pas de faire une biographie du cycliste mais de relater la folle enquête de David Walsh (Chris O'Dowd) pour démanteler la supercherie. Ce dernier, nommé trois fois meilleur journaliste britannique sportif de l'année, comprend très vite que les performances de l'américain sont juste inhumaines. Devant l'enthousiasme de ses confrères, il leur répond, sceptique: «mais vous avez vu... il doit gérer sa vitesse en freinant dans les contours... à la montée!». Dès lors, David Walsh dira lui-même: «à partir de là, je n'ai eu de cesse de le confondre et de révéler cette arnaque aux yeux du monde» (Interview dans Sport et vie, n°152, sept-oct 2015). Et pour faire face aux critiques, le journaliste justifie son acharnement en disant: «j'adore ce sport mais je refuse d'assister à la victoire des chimistes». Ce long-métrage est construit sur ce combat.

Ce film a également le grand mérite de présenter une technique de dopage extrêmement ingénieuse permettant d'échapper aux nombreux contrôles. Il faut tout de même souligner qu'Armstrong n'a jamais été révélé positif en sept victoires du Tour de France, une belle maîtrise qui prouve que le dopage a toujours une longueur d'avance! A travers cette supercherie, on réalise que pour pouvoir passer ainsi à travers les mailles du filet sans se faire attraper, il faut un dispositif et une équipe performants. Ses co-équipiers suivaient le même programme, organisé par le médecin et les managers. Tous les détails étaient minutieusement soignés: par exemple, pour éviter que l'achat des médicaments n'apparaissent dans la comptabilité, les vélos étaient vendus «au noir».

Lance Armstrong se retire après sa septième victoire du Tour de France, sans avoir été démasqué. Durant les premières années de sa «retraite», Floyd Landis (Jesse Plemons) est testé positif aux substances illicites. Moins malin ou moins chanceux... difficile à dire! Dès lors, les langues se délient... et la lutte acharnée pour conduire Armstrong à la chute finit par aboutir. Que penser de tous ces complices qui ont profité du système pendant des années pour ensuite retourner leur veste? Ne sont-ils pas aussi méprisables que le protagoniste?

Ce film prodigieux utilise des images d'archives, donnant encore plus de poids au récit. L'interprétation est magistrale, Ben Foster réussissant à ressembler de manière troublante au personnage original. Ce dernier est à la fois exécrable, intimidant et touchant. Lance Armstrong a confirmé que le cyclisme est aussi une affaire de gros sous... et qui dit argent dit souvent corruption! Mais n'oublions pas tout de même de rappeler la performance physique que représente cette course mythique du Tour de France: pédaler 3'360 km en seulement 21 étapes, avec 7 étapes de montagne et seulement 2 jours de repos mérite un profond respect pour ces endurants du bitume. Pour répondre aux pessimistes qui pensent que seul le dopage permet de réussir cet exploit, voici une phrase de David Walsh (qui connaît parfaitement le milieu et qui veut encore croire à l'honnêteté des cyclistes): «C'est l'histoire du loup, mais à l'envers. Pendant des années, le loup était là et tout le monde prétendait qu'il n'y était pas. Aujourd'hui, on voit le loup partout et il se pourrait qu'on ait tort».

Nadia Roch

Appréciations

Nom Notes
Nadia Roch 20
Philippe Thonney 16