Fatima

Dans son film précédent, La désintégration, le réalisateur franco-marocain racontait la tentation de l’extrémisme pour les jeunes issus de l’immigration. Avec Fatima, il fait le portrait très réaliste d’une immigrée algérienne,divorcée, trimant dur comme femme de ménage pour élever seule ses deux filles nées en France, Nesrine, 18 ans, qui commence des études de médecine, et Souad, 15 ans, en pleine révolte adolescente. Mi fiction mi documentaire, le film explore la condition des femmes maghrébines venues en France y trouver une vie meilleure. Meilleure, vraiment ? Fatima porte le foulard, maîtrise très mal le français, ce qui la coupe d’une réelle vie sociale. Elle est une de ces femmes de l’ombre qui partent aux aurores travailler et auxquelles personne ne prend garde.Perdue entre deux cultures, elle ne comprend pas ses filles désireuses d’échapper à leur origine sociale et à la condition de leur mère, si soumise à son destin. En secret, Fatima consigne en arabe ses réflexions intimes sur un bloc-notes.

Philippe Faucon s’est inspiré d’un livre de Fatima Elayoubi, elle aussi femme de ménage algérienne, tout comme Soria Zeroual, qui tient le rôle de Fatima. Elle s’est glissée sans peine dans son personnage - le sien en quelque sorte !–avec simplicité et l’interprète avec beaucoup de justesse. Mais voilà: elle est peut-être trop vraie et souvent si impassible, comme peuvent l’être celles qui ont appris à se soumettre, pour nous émouvoir réellement. C’est hélas plutôt l’ennui qui guette.