Sous-sols

Affiche Sous-sols
Réalisé par Ulrich Seidl
Titre original Im Keller
Pays de production Autriche
Année 2014
Durée
Musique Ekkehart Baumung
Genre Documentaire
Distributeur praesensfilm
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 18 ans
Age suggéré 18 ans
N° cinéfeuilles 733
Bande annonce (Allociné)

Critique

On est en Autriche, dans un décor de caves, et l’on nous montre ce qui s’y passe. Mais à travers une série de tableaux réalistes, Sous-sols parle des obsessions, des fantasmes et des dérives de l’être humain.

Au premier abord le cinéaste autrichien Ulrich Seidl donne l’impression de filmer des gens dits «normaux». Très vite pourtant il nous montre que les caves des habitations recèlent tout un lot d’excentricités et de bizarreries: une femme dorlote un bébé en plastique qu’elle extirpe d’un carton; des musiciens nostalgiques du IIIe Reich picolent dans un musée hitlérien; un type tout nu fait le ménage en utilisant autant sa langue que le balai ; un chasseur de gros gibier exhibe fièrement ses trophées africains; des prostituées racontent complaisamment leur travail, et un homme fait de même avec ses exploits sexuels; une femme perverse, une autre masochiste racontent leurs vies; un instructeur de tir s’exerce dans la cave et chante du bel canto… Cette galerie de portraits de personnages inquiétants ou détraqués bouscule le spectateur qui sombre vite dans la perplexité ou l’agacement. Sous-sols a beau être très bien filmé et le montage très étudié, cette plongée dans la noirceur grotesque, voire dans la provocation, lasse assez vite.

Le film est profondément cru et dérangeant. S’agit-il d’une description (en creux) de la société autrichienne et de son inconscient collectif ? Ou d’une image des excès du pouvoir et du sexe, du dysfonctionnement de l’âme humaine ou de notre société en général ? On côtoie parfois l’enfer, et rien n’est épargné à certains protagonistes (exploitation exacerbée, violences et anéantissement de la personnalité). S’agit-il d’une volonté d’exhibitionnisme, d’une mise à nu de l’intimité de chacun, ou d’une démarche exorciste personnelle de la part du cinéaste ? Il reste évident que Sous-sols garde une composante documentariste très marquée: les protagonistes ne sont pas des comédiens, mais des êtres de chair et de sang, tantôt touchants, tantôt détestables ou irrecevables. A la limite du supportable parfois. Les Sous-sols «hors monde» d’Ulrich Seidl permettent à chacun de s’exprimer librement, sans tabou, sans jugement d’ordre moral, social ou politique. Des lieux où les travers (les pires) deviennent visibles. Une échappatoire aux contraintes sociales, argumenteront certains. Après Paradis (Amour, Foi, Espoir), sa trilogie (contestée), Ulrich Seidel continue à sonder les tréfonds de son pays. Mais trop c’est trop, et cette incursion dans un monde d’individus à la recherche d’un pouvoir dominateur (ou psychotiquement masochistes), où la nature humaine se désintègre, finit par tuer toute tentative de réflexion et sombre dans la sinistrose.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 5
Philippe Thonney 7