Youth

Affiche Youth
Réalisé par Paolo Sorrentino
Titre original Youth
Pays de production Italie, France, Suisse, Grande-Bretagne
Année 2015
Durée
Musique David Lang (III)
Genre Drame
Distributeur praesensfilm
Acteurs Rachel Weisz, Michael Caine, Harvey Keitel, Paul Dano, Jane Fonda
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 730
Bande annonce (Allociné)

Critique

Un titre anglais déconcertant, Youth, pour un film qui n’est pas destiné prioritairement à séduire un public jeune… Paulo Sorrentino propose en effet une étonnante méditation, poétique, subtile et pleine d’humour, sur le vieillissement. Un film qui a divisé la critique.

Fred Ballinger (Michael Caine) et Mick Boyle (Harvey Keitel), deux amis de longue date, se sont installés pour leurs vacances, commechaque année, dans un luxueux hôtel suisse au pied des Alpes. Fred, 80ans, veuf et un peu déprimé, était un compositeur et un chefd’orchestre réputé. Depuis longtemps à la retraite, il ne veut plus entendre parler de carrière musicale, malgré les sollicitations pressantes d’un envoyé de la Reine d’Angleterre qui souhaite le voir diriger un concert à Buckingham-Palace. Quant au septuagénaire Mick il est réalisateur et travaille toujours : il s’empresse de terminer lescénario de ce qu’il définit comme son dernier film, Le Dernier Jour de la vie.
Les deux amis savent que le temps qui leur reste est compté. Ils évoquent leurs métiers, la création artistique, les figures de leur passé commun et affirment vouloir affronter l’avenir avec détermination. Ils reviennent sur des souvenirs intimes, ils parlentdes femmes qu’ils ont rencontrées et aimées, mais n’oublient pas designaler leurs désirs en panne… Le rire est proche des larmes, voilà un petit tableau de la condition humaine. Il existe un lien familial entre Fred et Mick : la fille du premier,Lena (Rachel Weisz), sert d’assistante à son père. Ella a épousé le fils de Mick, qui vient de la plaquer. D’autres personnages gravitent autour des deux protagonistes principaux: il y a Jimmy (Paul Dano), unjeune acteur américain un peu désabusé, chargé d’incarner Hitler ; ily a aussi Brenda Morel (Jane Fonda), l’actrice fétiche hollywoodiennede Mick ; ou encore une figure caricaturale, obèse et tatouée, cellede Maradona. Sans oublier quelques femmes sublimes qui font fantasmer les deux héros…

Le film a été tourné en anglais. Beaucoup de cinéastes originaires depays non anglophones semblent d’ailleurs adopter la formule. Un choixcompréhensible en l’occurrence, puisque Paolo Sorrentino a engagé cinqacteurs anglophones. Et un choix qui facilitera sans doute aussi ladiffusion du film. Les acteurs sont bien dirigés, remarquables, avecune prime spéciale pour le duo Caine/Keitel.

Le réalisateur italien (Il Divo, 2008 – La Grande Bellezza, 2014) est un véritable cinéaste et son écriture témoigne d’un souci esthétiquepermanent. Certaines scènes sont légèrement décalées, l’onirisme et le surréalisme ne sont jamais très loin, la poésie non plus, et la musique est fort belle. La satire dirigée contre le monde contemporain affleure ici ou là. On pense parfois à Fellini (dont Sorrentino dit qu’il fut son maître). Caricature (fine) et bouffonnerie (maîtrisée) sont parmi les composantes essentielles du récit. Et malgré une petite tonalité mélancolique «bilan et fin de vie», Youth reste un film où l’humour,  la politesse du désespoir sont présents.

Lors d’un rêve (ou d’une vision?) Mick s’entend dire que «les émotions, c’est tout ce que l’on a». Peut-être s’agit-il là de la morale d’une histoire dont on ne dévoilera pas la fin, très belle.

Antoine Rochat


Dans un luxueux hôtel niché au cœur des Alpes suisses, deux vieux amis (de près de 80 ans), Fred (Michael Caine) et Mick (Harvey Keitel) font le point. Le premier a choisi  de ne plus composer ni de diriger d’orchestre (jusqu’à refuser une invitation royale), alors que le second travaille sur un dernier scénario de film. Ballades, massages, repas, bains… sont l’occasion de mesurer l’âge, l’expérience, les relations sentimentales avortées, bref tout ce qui été sacrifié pour la carrière artistique. C’est le temps où les amitiés, le couple, la notoriété… tout à la fois compte et paraît dérisoire, et ce d’autant plus que rôdent alentour d’autres plus jeunes.

Les deux acteurs sont parfaits dans leur rôle ; ils portent, sans en faire trop, le regard de tant d’individus qui considèrent avec difficulté le poids des années. Mais il y a plus encore, car le film suggère que  l’ami qui finalement affronte le mieux la vieillesse est celui qui s’accroche le moins. Et l’on n’oubliera pas de sitôt la scène où Fred dirige virtuellement au cœur d’un pâturage ! Merci à Sorrentino d’avoir su dépasser les clichés helvétiques pour les sublimer en vrais moment de cinéma !

Serge Molla

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16
Serge Molla 15
Geneviève Praplan 14
Anne-Béatrice Schwab 16
Georges Blanc 16
15