Microbe et Gasoil

Daniel (Ange Dargent) est un enfant vivant un peu en marge de l'école, rêveur et timide, qui se réfugie dans ses dessins. Dans le monde scolaire, il n'est pas exclu mais est considéré comme un « microbe » bizarre, terme qui deviendra par ailleurs son surnom. Théo (Théophile Baquet), dit Gasoil, débarque dans la classe en cours d'année; le côté déluré et inventeur de ce jeune captive aussitôt Daniel. Une forte amitié naît entre les deux et ils se mettent en tête de créer une voiture pour partir à l'aventure, découvrir le pays sur les routes de France. Avec quelques planches, un moteur de tondeuse à gazon et des idées ingénieuses, ils fabriquent un prototype unique, servant de moyen de locomotion et de maison... une espèce de camping car revisité par leur imagination.

Le cinéaste poétique et pour le moins bricoleur Michel Gondry réalise une comédie sous forme de road-movie. Inspiré de ses souvenirs personnels, il suggère un portrait très réussi des adolescents qui cherchent leurs marques dans la société, découvrent leurs corps et les premiers émois amoureux. Il se pose la question du passage à l'âge adulte. Ce long métrage propose un témoignage sur la construction d'un monde personnel peuplé de création et de rêve. Le travail sur les dialogues est pointu, avec très peu de vulgarité. Les deux protagonistes sont attachants et le ton est juste. Le film aborde également de manière subtile des vies de famille compliquées, avec une maman dépressive et l'autre malade. Mais les gosses dans le récit de Gondry semblent suffisamment solides pour gérer ces situations. Malgré leurs faiblesses, leurs roublardises, ils ont le courage de leurs ambitions. Un joli moment que cette immersion dans ce monde onirique créé par les deux adolescents.