Réalisé par | Quentin Dupieux |
Pays de production | France |
Année | 2014 |
Durée | |
Genre | Comédie |
Distributeur | praesensfilm |
Acteurs | Élodie Bouchez, Alain Chabat, Jonathan Lambert, Kyla Kenedy, John Glover, Eric Wareheim |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 728 |
Réalité porte un titre trompeur : c’est au royaume de l’imaginaire et du rêve que nous embarque résolument le cinéaste français Quentin Dupieux. Avec un joyeux savoir-faire, Jason (Alain Chabat) travaille comme caméraman à la télé, à Los Angeles. Il rêve de réaliser un film d’horreur et en parle à un producteur hollywoodien farfelu, Bob Marshall (Jonathan Lambert), qui le reçoit dans une étrange baraque. Leur échange est loufoque: Bob est capricieux, maniaque, instable, mais il est malgré tout emballé par le projet: il est prêt à donner son accord à la condition que Jason enregistre, dans les 48 heures, un gémissement de douleur (!) qui marque l’histoire du cinéma. Défilera par la suite toute une série de personnages, tandis que d’autres récits s’amorceront à l’envi: une fillette trouvera une cassette vidéo dans les entrailles d’un sanglier dépecé par son père chasseur; un directeur d’école se baladera habillé en femme; un présentateur d’émission TV ne fera que se gratter à l’antenne, donnant de sérieux signes de troubles psychiques.
Réalité n’obéit à aucune logique interne: il y a des rêves, des récits plus ou moins absurdes qui se croisent et s’emboîtent les uns dans les autres, il y a un film qui s’inscrit dans le film du film que l’on regarde… La mise en abyme est quasi constante et a de quoi déconcerter. Le spectateur a beau essayer de recoller quelques morceaux du puzzle, à peine a-t-il commencé qu’il est entraîné dans une autre direction. Réalité est une fiction un peu folle, mais qui tient la route par un constant changement de perspective, sans brusquerie, sans effet spectaculaire. Sur le fil ténu de l’intrigue – le film d’horreur que veut réaliser Jason – les situations s’enchaînent, acrobatiques, cauchemardesques ou proches du délire.
Réalité ressemble à un petit ovni: une discrète musique électronique est présente du début à la fin, le mélange des tons est récurrent, un décalage humoristique (au 2e degré) accompagne cette histoire surréaliste (on pense parfois à D. Lynch). Quentin Dupieux ravira les inconditionnels du genre et laissera peut-être les autres perplexes. La mise en scène est rigoureuse, le montage serré, les cadrages précis, les acteurs sont tous parfaits. Dommage peut-être que cet exercice de style «art et essai» se termine – on ne pouvait pas
s’attendre bien sûr à une explication rationnelle – par une pirouette trop paresseuse.
Antoine Rochat
Nom | Notes |
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Antoine Rochat | 13 |