Tapis rouge

Réalisé avec le soutien du Centre de loisirs des Boveresses et de laVille de Lausanne, Tapis rouge est le premier long métrage du cinéastesuisse Frédéric Baillif (par ailleurs auteur de huit documentaires –dont Geisendorf, 2006). Co-écrit en collaboration avec KantaramaGahigiri et l’acteur Frédéric Landenberg – qui assume le rôle du protagoniste principal, un travailleur social et éducateurenthousiaste et dynamique – le film s’est mis en place lors d’ateliers d’improvisation.

Le scénario est simple: une bande de garçons assez insolents (dejeunes Lausannois du quartier de Praz-Séchaud, en majorité d’origineafricaine) sollicite l’aide du Centre de loisirs : ils veulentréaliser un long métrage de fiction («et gagner beaucoup d’argent»,ajoute l’un d’entre eux). Le travailleur social, qui les accompagnedans leur démarche, les convaincra de tourner plutôt un court métrage,un film racontant leur vécu, souvent tragique, et leur quotidien dansle quartier. L’éducateur réussira à décrocher une aide financière quipermettra à toute l’équipe d’aller au Festival de Cannes, scénario enpoche (titre de leur projet de film: Né pour mourir). Tout cela avecl’intention de fouler le «tapis rouge» du Festival et de croiser unproducteur intéressé…

Tapis rouge est une sorte de road-movie qui remet en questionquelques-unes des certitudes du travailleur social chargé – avec unestagiaire africaine débutante, pleine de bon sens dans sesinterventions - de gérer cette opération pour le moins originale. Ilfera tout son possible pour mener ces jeunes (ils sont huit, tousacteurs amateurs et de culture différente) jusqu’au bout de leursrêves.

Le film est construit en trois temps: le Centre de loisirs lausannois d’abord, avec les préliminaires et les discussions difficiles (chacun voulant s’imposer) qui aboutiront à la mise en place d’un « pitch », puis d’un petit scénario; le récit du voyage ensuite, avec ses multiples péripéties; et enfin les tentatives de l’équipe – chacun aenfilé un smoking et mis un nœud papillon - de trouver à Cannesl’argent nécessaire au tournage. Le ton change dès qu’on est sur laCroisette: Tapis rouge côtoie alors la chronique farfelue, voire le canular. Un épilogue humoristique, une pirouette finale, le film existe, mais sous une autre forme : il est vrai…

Le réalisateur de Tapis rouge a su trouver le ton adéquat, dosant tension, réflexion et détente de belle manière.