L’ombre des femmes

Affiche L’ombre des femmes
Réalisé par Philippe Garrel
Pays de production France, Suisse
Année 2015
Durée
Musique Jean-Louis Aubert
Genre Drame
Distributeur Adok Films
Acteurs Clotilde Courau, Vimala Pons, Stanislas Merhar, Lena Paugam, Mounir Margoum
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 725
Bande annonce (Allociné)

Critique

Pierre et Manon s’aiment et réalisent ensemble des documentaires avec trois bouts de ficelle. Ils vivent dans la dèche et semblent heureux. Mais le bel équilibre va basculer avec l’arrivée de deux personnages incontournables dans les aléas de la vie de couple, la maîtresse et l’amant.

Deux ans après La jalousie, Philippe Garrel continue son exploration toute personnelle et originale du sentiment amoureux. Il brode inlassablement l’enchevêtrement des liens qui unissent, désunissent, réunissent hommes et femmes, à petits points serrés, points de croix, quelquefois chemins de croix. Il fait à nouveau le choix du noir et blanc, ce révélateur des couleurs de l’amour, un noir/blanc qui magnifie le visage des actrices, les tapisseries lépreuses, le Paris d’un autre temps.
Ce film hors mode, hors temps, désuet et décalé, raconte à la manière d’un Rivette ou Jean Eustache, un monde qui semble ne plus exister, comme inabouti, à l’image de ce cinéaste qui ne réalise pas vraiment, ou peut-être éventuellement un film sur un ancien résistant qui n’en était pas un et qui n’est plus… Les femmes sont plus consistantes, incarnées dans la réalité, en prise avec la vérité de leurs sentiments et de ceux des autres.

Philippe Garrel s’est adjoint les services d’une équipe de prestige, en particulier Jean-Claude Carrière pour collaborer au scénario et Renato Berta comme chef opérateur. Et ce film bénéficie d’une promotion en or, puisqu’il a fait cette année à Cannes l’ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs. Nombreux sont ses détracteurs, en particulier ceux qui abhorrent son côté nombriliste, son passéisme, cette forme de marivaudage sans prise directe avec la société dans laquelle nous vivons. Et pourtant! Au-delà de l’agacement face à un exercice cinématographique «inutile», il y a le charme et la nostalgie d’un cinéma qui offrait la parole à ses personnages et leur laissait le temps de s’exprimer pour donner au film une qualité d’images, d’impressions, de mots et de maux.

Anne-Béatrice Schwab


C’est l’histoire simple d’un couple, qui réalise des documentaires et vit chichement de petits boulots. Un jour, pourtant comme les autres,  l’adultère et le mensonge s’insinuent et feront voler en éclats leur relation. Il n’y aurait rien de plus à ajouter à ce scénario somme toute banal, si son traitement ne retenait pas précisément l’attention. Et du coup, c’est dans les glissements successifs, dans les minuscules interstices  qui ne laissent plus passer la lumière des regards que se traduit ou plutôt se trahit la perturbation de la relation.

Ecartant toute idée de compter les points et de proposer une lecture morale ou moralisante, Gardel examine au contraire ce qui caractérise un homme (au sens masculin du terme) et une femme, et s’interroge : est-ce si différent ? Comment comprendre le désir qui les anime l’un et l’autre ? Alors voilà que les clichés pour une fois s’effacent pour laisser place à l’expression de ce qui meut en profondeur les personnages. Le noir-blanc met en valeur les visages, les expressions, les postures avec une douceur qui souligne bien qu’il s’agit ici d’un chapitre clef de la comédie humaine, celui qui aurait pu s’intituler, « amour, une affaire à suivre ».

Serge Molla

Serge Molla

Appréciations

Nom Notes
Anne-Béatrice Schwab 13
Serge Molla 15
Georges Blanc 12