Le garçon et le monde

Un rond pour la tête, deux taches pour les yeux et des traits pour les bras. L’animation est ici réduite à sa plus simple expression, les croquis sont ceux d’un enfant. L’histoire dans ce film est celle d’un petit garçon, et elle est racontée telle qu’il la dessinerait lui-même. On pourrait craindre qu’à notre époque où la plupart des films d’animation coûtent des millions et proposent de somptueuses images, ce style simpliste et épuré soit lassant au bout de quelques minutes. Or pas du tout, les images sont jolies, parfois très poétiques, et se regardent avec plaisir.

Le problème de ce film est ailleurs. On ne voit pas bien à qui il peut être destiné. Certainement pas aux enfants, qui n’y comprendront pas grand-chose. Les adultes eux aussi perdront le fil et l’intérêt. Le propos est celui d’un petit garçon qui quitte (en rêve ou dans la réalité, on n’en est pas très sûr) son pays de nature natal pour découvrir le monde moderne industrialisé, forcément hostile. Impossible de raconter autre chose sur le scénario, tant il manque un vrai fil rouge, une progression. Nous assistons à une suite de scènes abstraites, sans rapport avec les autres. Dommage, car au bout d’un quart d’heure on a déjà commencé à naviguer à vue, à prendre ce qu’on nous donne sans chercher la cohérence ou la réflexion. De plus, les quelques dialogues échangés sont en gromolo incompréhensible, ce qui accentue encore le flou dans lequel on se trouve.

Lauréat de deux récompenses au festival d’Annecy, ce film brésilien pourrait être diffusé par extraits dans une soirée culturelle sur l’art abstrait. Le grand public, lui, n’y entrera malheureusement pas.