Dernier coup de marteau (Le)

Affiche Dernier coup de marteau (Le)
Réalisé par Alix Delaporte
Pays de production France
Année 2014
Durée
Musique Evgueni Galperine, Sacha Galperine
Genre Drame
Distributeur cineworx
Acteurs Farida Rahouadj, Candela Peña, Clotilde Hesme, Grégory Gadebois, Romain Paul
Age légal 8 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 721
Bande annonce (Allociné)

Critique

Le premier long métrage d’Alix Delaporte (Angèle et Tony, 2010) promettait beaucoup. Le deuxième ne déçoit pas. On y retrouve la délicatesse, la justesse d’observation, la même capacité à comprendre en profondeur les personnages.

Victor (Romain Paul) a 13 ans. Il vit seul avec sa mère (Clotilde Hesme) atteinte d’un cancer. Or, son chef d’orchestre de père (Grégory Gadebois) vient à l’opéra voisin diriger la 6e symphonie de Gustav Mahler. Victor se glisse dans les coulisses des répétitions pour faire la connaissance de son père et se sentir soutenu dans ses difficultés.

C’est un film à hauteur d’adolescent, un adolescent perdu au milieu des choix confus des adultes. Victor doit définir et assumer ses propres désirs, il a atteint l’âge où s’ébauche son futur. Or, le défi doit être relevé au cœur de sentiments contradictoires, tous douloureux. La maladie de sa mère, l’absence de son père, le manque d’argent l’empêchent de vivre avec l’insouciance d’un garçon de son âge.
Ce point de vue est joliment rendu, sans exagération, ni dramatisation. Romain Paul comprend son rôle avec finesse, entre dans le jeu de l’expression et de la suggestion que lui demande une réalisatrice peu encline à bavarder. De fait, les images et les quelques dialogues ne font que compléter ce qui se comprend hors champ. Tout se joue entre les silences et les ellipses.

«Dans ces moments, le spectateur est engagé. Parce que dans les espaces on met forcément de soi, de son imaginaire, de sa subjectivité», explique la réalisatrice qui sait aménager ces «espaces». Sans doute est-ce là son principal mérite, évitant ainsi d’agacer par la surenchère. Le découpage très serré des séquences, leur rythme rapide (presque trop)  équilibrent le film en retenant l’histoire dans le réel.

Alix Delaporte a choisi la 6e de Mahler (dite «Tragique») par goût pour cette partition. Le titre en découle. Cette symphonie comportetrois (ou deux, selon les chefs d’orchestre) coups de marteau impressionnants. Alma Mahler, épouse du compositeur, les aurait expliqués par trois drames vécus par son mari comme des coups du destin: la mort de leur fille, le diagnostic d’une grave maladie de cœur et son départ de l’Opéra de Vienne où il subissait des attaques antisémites. Toutefois, ces malheurs sont postérieurs à la création de l’œuvre en 1906, à Essen,en Allemagne.

Cela dit, cette symphonie apparaît tout de même comme une œuvre de trop haute portée pour le film d’Alix Delaporte, trop écrasante pour le quotidien de Romain qui n’en demande pas tant. Mais elle est une occasion de montrer qu’un garçon footballeur,ignorant tout de la musique, est en mesure de s’y intéresser quand on lui offre l’occasion d’en écouter.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 12
Georges Blanc 15