Red Army

Affiche Red Army
Réalisé par Gabe Polsky
Pays de production U.S.A., Russie
Année 2014
Durée
Musique Christophe Beck, Leo Birenberg
Genre Documentaire, Historique
Distributeur frenetic
Acteurs Scotty Bowman, Slavia Fetisov, Viacheslav "Slava" Fetisov, Anatoli Karpov, Alexei Kasatonov
Age légal 6 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 719
Bande annonce (Allociné)

Critique

Red Army est l’un des documentaires les plus attachants et réussis que j’aie jamais vus. Et pourtant je ne suis pas fan de hockey. En nous racontant à l’aide d’archives et d’interviews récentes l’histoire de l’équipe de hockey soviétique et de son capitaine Slava Fetisov durant la Guerre froide, le cinéaste Gabe Polsky, fils d’émigrés russes, nous livre une page sombre de l’histoire de l’URSS,  mais aussi la destinée bouleversante de jeunes sportifs drillés dès l’enfance pour être des champions et battre les grandes équipes de l’Ouest. Car il y allait du prestige de l’Union soviétique qui voulait à tout prix démontrer sa supériorité au monde entier, en matière d’éducation notamment. Pour cela, on n’hésitait pas à exiler de jeunes hommes onze mois sur douze loin des leurs pour les entraîner à un rythme d’enfer et les transformer en machines à gagner.

«Ce n’était pas cool d’être un gamin soviétique», explique dans une interview le réalisateur qui a fait un prodigieux travail de recherches d’archives et qui a longuement interviewé Slavia Fetisov, le plus médaillé des sportifs russes, dont deux médailles d’or aux Jeux Olympiques de 1984 à Sarajevo et en 1988 à Calgary au Canada. Il devint ministre des sports jusqu’en 2008 dans le gouvernement de Poutine, à qui il a appris à patiner dans sa jeunesse. C’est dire que les deux hommes ont eu le même genre d’éducation spartiate, les mêmes rêves de victoire, ce qui éclaire un peu la mentalité du président actuel de la Russie. Pour arriver à leurs fins, les entraîneurs, tels des dictateurs, n’hésitaient pas à broyer  leurs jeunes recrues.

Après avoir été défenseur puis capitaine du CSKA de Moscou, Slava Fetisov, héros de la nation, osera tenir tête au régime, s’exiler un temps aux Etats-Unis pour jouer dans une équipe de hockey avec d’autres camarades russes. Ces joueurs venus de l’Est bluffent les Américains par la qualité de leur patinage, leur jeu chorégraphié et leur tactique surprenante tout en souplesse, très à l’opposé du style de leurs rivaux qui, eux, y allaient en force. Mais Slava Fetisov reviendra dans son pays, ayant eu le sentiment d’être toujours considéré aux Etats-Unis comme un Russe, soit un peu comme un ennemi. L’homme peine à se raconter; on lit l’émotion dans son regard quand il visionne des matches anciens. On devine le drame intérieur qu’il a dû vivre, on sent sa loyauté à la mère patrie. Et l’on découvre d’entrée de jeu qu’il ne se laisse pas faire, que c’est lui qui commande. Les archives et les interviews d’autres protagonistes s’enchaînent avec subtilité, les montrant dans toute leur humanité mais aussi pour certains, dont l’entraîneur du KGB, leur noirceur. Le cinéaste réussit à parler de sport, d’humanité et d’histoire sans jamais nous lasser.

Appréciations

Nom Notes
15
Antoine Rochat 14
Anne-Béatrice Schwab 18
Nadia Roch 17