20'000 jours sur Terre

Rock star qui a connu la gloire à la fin des années 80 et dans ladécennie suivante avec son groupe «Nick Cave & the Bad Seeds», Nick Cave a aujourd’hui 57 ans. Le film de Ian Forsyth et Jane Pollard nelâche pas d’une semelle le crooner punk qui joue son propre rôle dansce long métrage mi-documentaire mi-fiction scénarisé. Le chanteur se livre avec franchise, le temps d’une «journée particulière» - son 20'000e jour sur terre. On le voit écrire, composer, répéter en studioet interpréter quelques chansons de son tout récent album.

Le film se présente comme une œuvre assez hybride, un voyage «intérieur» un peu touffuet finalement lassant. Lors d’une séance(reconstituée) chez le psychanalyste DarianLeader, il évoque pêle-mêle la figure de son père, celle de Nina Simone en 1999, les femmes qu’il a connues, son passé de drogué, sa relation avec Dieu etsa vie conjugale. La caméra nous emmène jusqu’aux archives de la villede Melbourne, en passant par les albums photos du chanteur.

Les «fans» de ce chanteur et manipulateur des foules apprécieront,les autres chercheront vainement un peu de profondeur aux réflexionsde la rock star ou une signification àl’accumulation de toutes cesscènes souvent anecdotiques. Tiré à quatre épingles, Nick Cave se livre au spectateur, mais ses commentaires, qu’ils soient «en direct» (les interviews au volant de sa voiture) ou en «voix off» (sur des images, avec parfois une tonalité littéraire) ne suscitent guère d’intérêt. On découvre même  ici ou là un côté prétentieux ou fantasque. Ses remarques sur la création artistique et ses racines (la transformation nécessaire du réel grâce à l’imagination), ses entretiens avec quelques musiciens (Warren Ellis, son guitariste des Bad Seeds, ou la chanteuse Kylie Minogue) ne dépassent pas le niveau d’un autoportrait assez banal qui part un peu dans tous les sens.