Dernier loup (Le)

Jean-Jacques Annaud est connu pour ne sortir un film que tous les 4 ans environ. Ce rythme assez lent s’explique par le fait qu’il est un perfectionniste acharné dans son travail. Il consacre des années à la préparation, aux repérages, à ses castings, et surtout à l’écriture de ses scénarios. Ce perfectionnisme, ajouté au fait que les thèmes qu’il choisit sont toujours difficiles, lui a permis de nous offrir des chefs-d’œuvre comme le Le Nom de la Rose, La guerre du feu, ou L'ours. Après deux films moins soignés, dont le premier était même scandaleusement indigne de son talent, il revient avec ce scénario tiré d’un roman chinois, et filmé dans les splendides décors naturels de Mongolie. Détail amusant: le gouvernement chinois lui-même proposa ce projet à Annaud, alors que ce dernier était jusqu’ici interdit de séjour dans ce pays, suite à son film Sept ans au Tibet! Le roman lui-même, dénonçant la politique environnementale chinoise, eut quelques problèmes, ainsi que son auteur!

Après les ours et les tigres, Annaud filme des loups, et confirme son talent à saisir les expressions animales. Cette histoire d’un jeune homme, Chen Zhen (Feng Shaofeng), adoptant un louveteau, alors que le gouvernement décide d’éliminer les loups de la steppe, ne manque ni de souffle ni d’émotion. Les acteurs, tous inconnus et choisis sur place, sont étonnants. Le réalisateur se laisse malheureusement aller à ses quelques travers: un lyrisme par moments très excessif, une musique sucrée, pour un film tout en rondeurs et en bons sentiments. Mais après tout, pourquoi pas? Le dernier loup est une ode à la nature, à la fraternité, dans lequel espoir et pessimisme se mêlent parfois habilement. Cette guimauve qui amoindrit le film est surtout présente dans la dernière partie. Le reste du temps, les superbes paysages, les visages beaux et expressifs des personnages, les yeux des loups et la noblesse du propos font ouvrir de grands yeux sur le spectacle.