Felix et Meira

Félix (Martin Dubreuil), Québécois francophone un peu désabusé, mène une existence aisée et pépère à Montréal. Meira (Hadas Yaron), jeune Juive hassidique, vit dans une communauté religieuse fermée, aux règles rigides. Mère d’un petit enfant, elle semble remettre en question le sens même de son existence. Elle a vécu dans la religion dès son enfance, et cela ne s’efface pas du jour au lendemain : aura-t-elle le courage de vivre en accord avec elle-même ? Un jour, par hasard, elle croise Félix. Félix et Meira apparaît comme une image de ce paradoxe de deux communautés qui se côtoient, mais qui ne font aucun effort pour se rapprocher. Deux types de sociétés, l’une soumise à des règles strictes, l’autre plus libre, où l’on vit à l’aise, semble-t-il, mais dans une sorte de flou. Meira sait que si elle prend la décision de quitter sa communauté, ce sera sans possibilité de retour. Sa décision est donc lourde de conséquences.
Félix et Meira a obtenu plusieurs distinctions dans les récents festivals de Toronto, Monréal et Turin. Le jeune cinéaste canadien Maxime Giroux a tenté de brosser ici le tableau, intéressant mais un peu distant tout de même, d’une communauté juive, dans le quartier de Mile-End. Il y a ajouté une histoire d’amour courageuse. Le film, très lent et peu disert, se veut intimiste et social à la fois. Le récit évite la romance, certaines scènes, lumineuses, sont excellentes et les portraits des personnages sont peints avec délicatesse et respect (même le mari de Meira, après une grosse colère, en revient à des propos apaisants). Le jeu des acteurs, volontairement retenu, est en adéquation. Dans ce film d’une écriture exigeante et très personnelle, le chemin qui s’ouvre devant Félix et Meira paraît semé d’embûches. Le cinéaste évite de nous dire ce qu’il adviendra d’eux : pourront-ils vraiment rompre avec leurs habitudes et se construire une vie de famille…?