Réalisé par | Zhang Yimou |
Pays de production | Chine |
Année | 2014 |
Durée | |
Musique | Chen Qijang |
Genre | Drame |
Distributeur | frenetic |
Acteurs | Gong Li, Chen Daoming, Zhang Huiwen, Guo Tao, Yan Ni |
Age légal | 10 ans |
Age suggéré | 14 ans |
N° cinéfeuilles | 714 |
Revenu à la sobriété d’Epouses et concubines ou de Qiu Ju, une femme chinoise, le réalisateur s’appuie sur d’excellents acteurs pour illuminer la patience de l’amour.
Zhang Yimou n’a probablement pas cherché à plaire au public. Alors qu’il pourrait l’avoir fait en réalisant Hero (2002), ou Le secret des poignards volants (2004), tous deux frisant l’esthétisme. Coming Home tourne le dos au genre. Il n’empêche que, si l’on en croit le site du Nouvel Economiste, son succès commercial serait déjà aussi important que celui des deux autres.
Est-ce la raison pour laquelle, selon Le Monde cette fois-ci, le film pressenti pour représenter la Chine à la cérémonie des Oscars ne fera pas le voyage de Hollywood? Et cela parce qu’un proche de la personne qui a financé le film serait accusé de trahison. L’affaire est d’autant plus piquante qu’un jugement similaire sert de base à Coming Home.
Pourtant, Zhang Yimou ne s’attaque pas au régime actuel. Il signe un beau film d’auteur, adaptation partielle de «The Criminal Lu Yansh», un roman de l’écrivaine chinoise Yan Geling. Adaptation partielle, explique le réalisateur, «parce que c’est un très gros roman, il a été difficile d lui rendre justice. Je n’en ai gardé que ce qui m’a le plus bouleversé.»
Lu (Chen Daomingi) est un déporté politique de la Révolution culturelle chinoise, arrêté il y a des années. Trois ans avant sa libération, Wu (Gong Li), sa femme, subit un grave choc affectif qui la laisse amnésique et lui fait rejeter sa fille (Zhang Huiwen). Lorsque Lu revient, sa femme ne le reconnaît pas, mais elle a reçu une lettre de lui qui lui annonce son retour pour le 5. Chaque cinquième jour du mois désormais, Wu retourne à la gare attendre son mari, tandis que celui-ci déploie un univers de tendresse pour tenter de se faire reconnaître.
Ils sont bien loin, les costumes somptueux et les chorégraphies virtuoses. Loin aussi la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin que Yimou a conçue et dirigée. Le décor de Coming Home est celui d’une période sombre de l’histoire de la Chine; la Révolution culturelle a coûté la vie à des centaines de milliers de personnes. Pour ceux qui échappaient au camp de travail, le quotidien ne sortait pas du rudimentaire.
Zhang Yimou respecte cette atmosphère. Tout est simple dans son film. C’est la douceur de la lumière qui anime les images, le plan serré sur un geste ou un objet qui leur donne du sens. Coming Home n’est qu’une histoire d’amnésie. Il y a tout à montrer avec rien: pour Wu, l’attente inlassable de son mari. Pour Lu, l’espoir tout aussi inlassable d’être reconnu. Pour Dandan, le besoin de retrouver sa famille.
C’est dire l’importance des acteurs qui, avec peu de dialogues, guère plus de mouvements, tiennent le film entre leurs mains. «Dans un huis clos, il faut parvenir à montrer la géographie intérieure d’un visage», explique le réalisateur. Et s’il y parvient, c’est bien parce qu’elle est présente, sensible à la caméra, cette géographie. Les sentiments vont et viennent, s’entrechoquent derrière le front des trois personnages; on peut y lire la lutte permanente entre l’espoir et la déception.
Hommage aux acteurs, donc! Et reconnaissance au réalisateur pour avoir oublié la virtuosité au profit d’un dépouillement qui seul pouvait mettre en valeur le drame vécu par les protagonistes. Yimou s’abandonne à une esthétique de la mélancolie pour raconter une très belle histoire d’amour.
Geneviève Praplan
Nom | Notes |
---|---|
Geneviève Praplan | 15 |
Georges Blanc | 16 |
Daniel Grivel | 16 |
Nadia Roch | 14 |
Antoine Rochat | 17 |