A la vie!

A fin janvier 1945, les nazis décident la fermeture du plus grand camp de concentration du IIIe Reich, celui d'Auschwitz, où ont péri plus d'un million de personnes. Lors de l'évacuation, parmi les survivants, trois femmes: la française Hélène (Julie Depardieu), la hollandaise Lili (Johanna ter Steege) et la canadienne Rose (Suzanne Clément). Depuis, elles se sont perdues de vue, mais Hélène publie chaque année un avis de recherche dans un journal juif international et, en été 1960, les trois amies reprennent contact et décident de passer ensemble une semaine à Berck-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais. Elles savourent leur premier vrai repas ensemble, leur première géace, leur premier bain de mer, mais vivent aussi parfois des tensions.

Jean-Jacques Zilbermann s'est inspiré des souvenirs de sa mère qu'il avait filmée avec deux autres survivantes d'Auschwitz pour un documentaire TV qui ne fut jamais diffusé. Il s'est alors tourné vers une fiction nourrie de témoignages authentiques, situant les événements au début des années 1960, période colorée et insouciante où les traces de la guerre s'étaient estompées: «Je voulais confronter ces trois femmes et leur passé à cette gaieté, cete légèreté. Et imaginer le regard qu'elles pouvaient poser sur ce monde, elles qui avaient vingt ans à Auschwitz.»

Pour ce qui est des années 60, tout y est: des coiffures aux vêtements, des papiers peints à motifs orange à un impressionnant parc de voitures d'époque (encore qu'il ne soit pas certain que l'interjection «tadaa!» ait alors fait partie du langage...). Pour le reste, on est frustré par le manque d'émotion, par la minceur des personnages, par leur jeu convenu, par un mélo auquel on reste extérieur. «A la vie» (de l'hébreu L'Chaim) est un toast que l'on porte en levant son verre; ici, c'est plutôt le spectateur qui trinque...