Neuland

Il y a quelques mois, nous avions dit beaucoup de bien de La Cour de Babel,merveilleux documentaire tourné dans une école de la banlieue parisienne. Une école particulière, spécialisée dans l'accueil, la formation et l'accompagnement d'une jeunesse immigrée, déracinée et pleine d'espoir en un possible avenir meilleur. Neuland, tourné à Bâle par la réalisatrice suisse Anna Thommen, présente de nombreux points communs avec le film de Julie Bertuccelli. Dans le thème, la forme, le fond... et la très grande qualité.
De même que son prédécesseur, ce film nous présente un enseignant tel que nous aurions tous voulu en avoir. Christian Zingg, ayant par envie et passion fait une croix sur une carrière d’enseignant supérieur mieux payée, accompagne ces jeunes venus d'un peu partout. Passant de la légitime exigence à la bienveillante écoute, il est leur (insti)tuteur. Même s'il est conscient que pour de nombreuses raisons l'intégration et la vie en Suisse sont perdues d'avance pour la majorité d'entre eux, il conserve son enthousiasme et son engagement. Très réussi, ce documentaire, nous présentant des scènes tantôt en classe, tantôt lors d'une sortie en montagne, nous fait espérer et douter, compatir ou se réjouir pour les quelques ados sur lesquels il se concentre. Beau moment que la scène finale, lorsque ceux que le prof a sauvés lui rendent hommage.
Ce qu'il y avait dans La Cour de Babel et qui manque à Neuland, ce sont les interviews des protagonistes, seuls face à la caméra, nous exprimant leurs espoirs, leurs doutes, leurs petites joies et leurs états d'âme. Mais ce film nous présente des jeunes qui mériteront de faire peut-être partie de la société suisse de demain.