Les Boxtrolls

Graham Annable («storyboarder» de Coraline)  et Anthony Stacchi (co-réalisateur de L'étrange pouvoir de Norman) ont réuni leur sens de l'humour noir et leur goût pour une certaine morbidité dans Les Boxtrolls, fable grinçante mettant en scène d'une part des «gens d'en haut», la bonne société de Cheesebridge, bourg de l'époque victorienne focalisé sur le luxe et la dégustation de fromages d'exception, d'autre part des «gens d'en bas», les Boxtrolls, lutins vivant dans des souterrains, récupérant des détritus pour en bricoler des machines improbables et prenant soin d'un petit humain, Oeuf, devenu leur chef. Selon une légende, ces créatures volent les enfants et les fromages - légende entrenue par l'ignoble Archibald Snatcher (en qui l'on peut reconnaître une caricature de Tim Spall...) qui promet au grand arbitre des délices fromagères, Lord Portley-Rind, de désinfester la ville, espérant être ainsi admis au sein de la haute société.
Les Boxtrolls, sans pédanterie, font l'éloge de la débrouillardises, de la solidarité, du dépassement de soi-même. En dépit des apparences, les petits monstres d'en bas inspirent davantage de sympathie que les bipèdes imbus d'eux-mêmes. Le film grouille de détails et de clins d'oeil risquant d'échapper aux plus jeunes spectateurs, qui pourraient aussi être désarçonnés par certaines scènes et par la cadence infernale des images et de la musique. Mais connaissant le goût des enfants pour ce que nos frères en allemand appellent le «schaurig schön»... En prime, le générique de fin montre avec éclat la brillante technnique d'animation filmée image par image.