Avant d'aller dormir

Au matin, un oeil bleu azur à la sclérotique parcourue de vaisseaux rouges s'ouvre; Christine (Nicole Kidman) repousse le bras du dormeur qui l'enlace, se lève, va se mirer dans la salle de bain, l'air perplexe, puis examine une paroi couverte de photos et de post-it identifiant les personnages. Elle retourne dans la chambre à coucher et demande à l'homme (Colin Firth) assis sur le bord du lit qui il est: «Je suis ton mari, Ben.»

On apprend que la femme, depuis un «accident» survenu quatorze ans auparavant, a totalement perdu la mémoire, ayant oublié jusqu'à son identité et ignorant jusqu'à son adresse. Recluse dans sa maison, où Ben, avant de partir au travail, affiche dans la cuisine une liste de choses à faire, elle enregistre en vidéo les informations dont elle trouve les traces grâce à des éclairs fugitifs et presque subliminaux; un neuro-psychologue, Ed Nasch (Mark Strong) la suit et la soumet à des examens divers. Peu à peu, on devine que le prétendu accident était une attaque sauvage subie à proximité d'un hôtel d'aéroport.

Rowen Joffe s'est jusqu'ici illustré par des téléfilms, et le style de son long métrage s'en ressent. Inspiré par un best-seller, il essaie de faire du Hitchcock mais succombre aux effets gore. Nicole Kidman n'est pas meilleure que dans Grace de Monaco, c'est dire... et Colin Firth, visiblement mal à l'aise dans un rôle de faux-cul, a l'air d'avoir deux parapluies plantés dedans... Les effets sont téléphonés (par fixe et par mobile), et le happy end est aussi large qu'une porte de grange.

Il paraît que le film représente la dernière utilisation de la pellicule 35 mm Fuji (la fabrication en a cessé): c'est peut-être là, avec sa durée standard, son plus grand mérite.