Class Enemy

Affiche Class Enemy
Réalisé par Rok Bicek
Pays de production Slovénie
Année 2013
Durée
Genre Drame
Distributeur trigonfilm
Acteurs Igor Samobor, Doroteja Nadrah, Voranc Boh, Jan Zupancic, Dan David Mrevlje Natlacen, Daša Cupevski
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 707

Critique


Le réalisateur slovène propose l’exemple d’une classe comme métaphore sociale. Son premier film donne beaucoup à réfléchir sur la façon dont naissent les conflits.
C’est son premier long métrage et déjà, il marque par l’acuité de son observation et son sens de la nuance. Rok Bicek, réalisateur slovène, choisit un fait divers qu’il a vécu, pour montrer à quel point un détail du quotidien peut servir d’étincelle à l’explosion des frustrations.
C’est une classe de collégiens réputée facile qui, pour cause de congé maternité, boucle son année terminale avec un professeur remplaçant(Igor Samobor). Les méthodes éducatives de Robert Zuban tranchent avec celles de la titulaire et prennent les élèves à rebrousse-poil. D’emblée, le nouveau maître baisse les notes et impose son autorité. Le suicide de Sabina (Daša Cupevski) déclenche la rébellion.

Le sujet est captivant, complexe; le réalisateur le maîtrise sans peine. Sa mise en scène est sobre. Les couleurs froides, les plans de portes fermées tendent le décor. La caméra placée au niveau des élèves attire le spectateur au cœur du drame sans pour autant que ce dernier ne dégénère. La direction d’acteurs elle aussi est remarquable. Il est difficile de ne pas garder longtemps ce film en tête, de ne pas se répéter les questions qu’il pose, passionnantes, essentielles.
Celle du bouc émissaire en particulier. Autrement dit, du manque de connaissance de soi – ou de l’aveuglement volontaire envers soi-même - qui pousse à chercher le coupable hors de sa propre responsabilité. En l’occurrence, l’un des élèves (Voranc Boh) vient de perdre sa mère et ne digère pas son deuil. L’intransigeance du professeur et le suicide de Sabina lui offrent de quoi cristalliser ses sentiments négatifs.

L’adolescence est une période trouble, rappelle le réalisateur, peu encline à s’analyser. Se rebeller lui sert d’exutoire et l’école lui en offre le cadre rêvé. Dans Class Enemy¸ il est intéressant de voir comme les élèves glissent d’un coupable à l’autre, comment, à peine une théorie démontée par la réalité, ils en adoptent une autre.
Intéressant aussi de voir comment on stigmatise avec le cliché – enseignant l’allemand et autoritaire, le professeur est traité de nazi. L’accusation concrétise le différend, le justifie, donc favorise le ralliement à la cause. Il s’ensuit un effet de masse qu’il faut être très solide pour contrer car, aussitôt, le «réactionnaire» est projeté dans le camp ennemi. Rares sont les adolescents qui affirment cette force de caractère.

Mais s’agit-il seulement des adolescents? Si touchants que soient ces jeunes bouleversés par un événement qui les dépasse, on ne peut s’empêcher d’aller plus loin et de voir dans cette classe en détresse la métaphore de la société. Qu’une somme de frustrations trouve son déclencheur et tout s’embrase. Le manque de connaissances – ici fustigé par le professeur -, le manque d’analyse, le manque d’intérêt pour la recherche d’objectivité ne font qu’exacerber les tensions dans un groupe. «C’est un classique de toute révolution qui a besoin d’un ennemi commun pour unifier un groupe, rappelle Rok Bicek. Aussitôt que l’ennemi est éliminé et le but est atteint, le groupe se désintègre.»

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 18
Daniel Grivel 18