Les drôles de poissons-chats

Affiche Les drôles de poissons-chats
Réalisé par Claudia Saint-Luce
Titre original Los Insolitos Peces Gatos
Pays de production Mexique, France
Année 2013
Durée
Musique Madame Récamier
Genre Drame, Comédie
Distributeur cineworx
Acteurs Ximena Ayala, Lisa Owen, Sonia Franco, Wendy Guillén, Andrea Baeza
Age légal 8 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 703
Bande annonce (Allociné)

Critique

La solitude rompue par la vie de famille, la vie de famille brisée par la maladie, c’est l’histoire de ce film tout simple, mais profondément enraciné dans l’amour de la vie.

C’est un premier long métrage et d’emblée, il emporte l’adhésion par sa fraîcheur et sa vérité. La réalisatrice mexicaine garde en mémoire un souvenir qui l’a beaucoup touchée, celui de sa rencontre avec une certaine Martha. «Quand je repense à cette période de ma vie, les faits, les lieux s’étoffent de détails fantasmés et magnifiés. Ma mémoire a su sélectionner et reconstituer les plus beaux moments de notre amitié, les plus percutants aussi. Ils sont devenus mon histoire de chevet.» Ces instants passés sont devenus une fiction tout à la fois accrochée au lieu où elle se passe, le Mexique, et largement ouverte sur les réalités contemporaines.

A 22 ans, Claudia (Ximena Ayala) gagne sa vie plutôt mal que bien dans un supermarché et dort dans un hangar. Elle mène une vie triste et solitaire lorsqu’une crise d’appendicite la conduit à l’hôpital. La voici voisine de chambre de Martha (Lisa Owen), 46 ans et mère de quatre enfants qui à eux seuls forment une smala très pittoresque. Les deux femmes se lient d’amitié et comme elles quittent l’hôpital le même jour, Martha invite tout naturellement Claudia chez elle.

Les drôles de poissons-chats est une «comédie parce que les personnages se rient de leur infortune, c’est aussi un drame parce qu’ils n’ont pas vraiment le choix. Nous sommes seuls dans la vie», explique la réalisatrice. Il n’empêche que cette solitude est joyeusement brisée par la volonté de vivre qui se dégage de ce petit monde. Claudia y trouve la famille qu’elle n’a jamais eue.
De là à dire que tout est bien dans le meilleur des mondes... Claudia Saint-Luce signerait-elle une guimauve hollywoodienne sur le bonheur familial? Justement pas! Car la maladie de Martha est grave, ses crises et leurs conséquences sont décrites avec réalisme. Les aller-retours à l’hôpital ne laissent jamais longtemps la gaieté s’épanouir. Les enfants sont habitués à vivre en l’absence de leur mère, à jouer avec leurs horaires scolaires pour lui rendre visite. Préparés au pire, ils ont aussi appris à profiter de chaque instant.

C’est ce que découvre Claudia qui, du coup, fait un apprentissage existentiel. Le spectateur lui aussi se laisse entraîner à son tour dans ces tourbillons de bonheur constamment interrompus. Le sens de la vie, la peur de la mort, la joie d’être ensemble, ce sont autant de touches fines et délicates qui émaillent ce récit. Le tout soutenu avec force par la conviction des acteurs.

Rien dans ce film ne prend le ton de la tragédie, parce que les séquences dramatiques du film s’inscrivent dans un quotidien banal – on vit avec rien, sans vraiment s’en apercevoir. La maladie, le chagrin ne composent-ils pas, comme les bons moments, les petites aspérités de la journée? Lorsque Claudia Saint-Luce repense à ses rencontres avec cette Martha si joliment amenée à l’écran, elle dit  que le souvenir lui remonte le moral. Quelque chose de semblable se passe avec son film. On en sort ému et comme rasséréné.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15
Georges Blanc 14