Gett, le procès de Viviane Amsalem

Affiche Gett, le procès de Viviane Amsalem
Réalisé par Ronit Elkabetz, Shlomi Elkabetz
Pays de production France, Israël, Allemagne
Année 2013
Durée
Genre Drame, Judiciaire
Distributeur agorafilms
Acteurs Ronit Elkabetz, Simon Abkarian, Sasson Gabai, Menashe Noy, Eli Gornstein
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 706
Bande annonce (Allociné)

Critique

Viviane Amsalem (Ronit Elkabetz), épuisée par son mariage avec Elisha (Simon Abkarian), a quitté le domicile conjugal depuis plusieurs années en compagnie de trois de ses enfants (le cadet est resté auprès du père). Elle veut un divorce en bonne et due forme - «gett» signifie en hébreu lettre de divorce -, afin de ne pas être mise au ban de la société. Or, en Israël, seuls les rabbins peuvent prononcer un mariage et sa dissolution, possible uniquement avec le plein consentement du mari - ce qui n'est pas le cas pour Elisha. Ce refus de même que la volonté du tribunal rabbinique de tout faire pour préserver un foyer juif (telle est l'injonction du «shalom beit», la paix des ménages) exacerbent l'obstination de Viviane, plus que jamais déterminée à obtenir sa liberté. Quelques autres femmes apparaîtront parmi les témoins, mais l'une est célibataire, donc «inutile» et les autres soumises à leur mari...
Au début du film dominé par le sexe dit fort, cela fait plus de trois ans que les audiences se succèdent, et elles vont se répéter à intervalles réguliers, dans une salle aux murs blancs et nus où trônent trois barbus vêtus de noir. La femme est défendue par un brillant avocat, Carmel (Menashe Noy), tandis que le mari, lorsqu'il défère aux convocations, recourt à Shimon (Sasson Gabai), un roublard se prétendant rabbin. Le spectateur ne sort pratiquement pas de ce huis clos et voit les protagonistes avec l'oeil du personnage qui n'est pas à l'écran, ce qui fait alterner ses points de vue.
A propos de regard, la réalisatrice et son frère Shlomi Elkabetz y accordent beaucoup d'importance. Ils se réfèrent aux acteurs du cinéma muet et à l'attention portée sur leurs mimiques et leurs yeux. Roni Elkabetz, à cet égard, est une Viviane remarquable; son visage et son regard reflètent tout ce qu'elle veut montrer - et aussi cacher. Dans un autre registre, Simon Abkarian est lui aussi excellent, incarnant un homme confiant, sûr de son bon droit et de son pouvoir. Pas une seconde d'ennui dans ce film de presque deux heures: les débats, les interrogatoires, le défilé tragi-comique des témoins amènent chacun, nolens volens, à se dévoiler. L'engrenage juridique et social qui broie Viviane fait froid dans le dos quant au fait que, en 2014, en Israël, une femme puisse encore être considérée comme la propriété de son mari.
Pas de doute, les Elkabetz ont mené leur procès de main de maître.

Daniel Grivel

Appréciations

Nom Notes
Daniel Grivel 18
Georges Blanc 18
Geneviève Praplan 18
Nadia Roch 18
Anne-Béatrice Schwab 17