Jimmy's Hall

Tout commence par des scènes new-yorkaises en noir et blanc évoquant les Années folles et la Grande Dépression, puis voici la couleur avec la verte Erin: en 1932, après un exil de dix ans aux Etats-Unis, Jimmy Gralton regagne la ferme familiale pour y aider sa vieille mère. Son attelage passe devant une bâtisse délabrée en rase campagne, sorte de grande salle qui accueillait toutes sortes de divertissements. Supplié par les jeunes de la région, il retape avec eux le «Hall» et en fait un précurseur des maisons de la jeunesse et de la culture. Le succès est immédiat, on danse (avec un orchestre de jazz, ô horreur!...), on dessine, on étudie, on débat, on rêve... Mais ces réunions de francs-tireurs n’ont pas l’heur de plaire à tout le monde: les idées progressistes de Jimmy le font passer pour un communiste aux yeux des propriétaires terriens; quant au curé, qui n’hésite pas à vitupérer du haut de la chaire - alors que son jeune vicaire, lui, est plus ouvert -, il voit dans les activités du Hall une concurrence déloyale à ce qu’il considère comme le monopole de l’Eglise, à savoir l’éducation.
Le personnage de Jimmy Gralton a existé, mais ses traces ont été effacées des archives à la manière des «rectifications» de l’histoire soviétique et leurs photos retouchées... Les persécutions dont il a été l’objet ainsi que son indépendance d’esprit ont eu des résonances jusqu’à aujourd’hui: des francs-tireurs et des indignés, il y en a encore. Jimmy’s Hall est un film dans la bonne lignée loachienne, empreint d’humanisme et d’humour, critique sans être manichéen.