Critique
Figurez-vous que le soussigné s'est rendu à la projection de presse en ignorant tout de ce qu'il allait voir sur l'écran... et que, au fur et à mesure que les bobines se déroulaient, au vu notamment des étreintes reptiliennes de Sophie Marceau et de Pascal Greggory, il se disait: «Ça me rappelle un peu POSSESSION de Zulawski». Et effectivement, c'en était (du Zulawski, donc), ou du moins quelques soubresauts noyés dans un opus maniéré, troisième adaptation cinématographique de LA PRINCESSE DE CLEVES.
La princesse (Sophie Marceau, peu avare de ses rondeurs chantées par Julien Clerc) est ici une photographe à la mode, engagée par un nabab de la presse à sensation pour frotter ses publications d'art et de culture. Elle s'éprend d'un éditeur pur et littéraire, Clève (Pascal Greggory, qui prend des airs à la Alain Cuny), mais flashe (c'est le cas de le dire) pour Nemo (Guillaume Canet), reporter-photographe baroudeur. Ces amours franchiront le cap de la chambre noire, mais dureront le temps d'un instantané.
Il reste un film trop long traversé par quelques éclairs fuligineux et quelques provocations fatiguées, des plans qui rappellent que Zulawski sait faire manier une caméra, le recours à des procédés à la longue lassants. Comme aurait dit dernièrement Gérard Depardieu à propos du cinéma français: «Ça branle beaucoup, mais ça jouit peu»...
Daniel Grivel
