La chambre bleue

La Chambre bleue, inspirée du roman éponyme de Georges Simenon,tient plus du film noir que du thriller. C'est l'histoire d'une passion tragique d'adultère qui se termine devant les juges. En effet, Julien délaisse son foyer au profit d'une relation qu'il ne maîtrise pas et qui le mènera à sa perte. Le récit de cet amour se fait sous la forme d'une audition. La procédure judiciaire viole l'intimité des amants pour essayer de découvrir la vérité. Sans fausse pudeur mais avec subtilité, le spectateur assiste à la passion dévastatrice qui lie les protagonistes et surtout à la manipulation perverse dont Julien est la victime.
«La vie est différente quand on la vit et quand on l'épluche après coup.» Cette phrase, prononcée par l'accusé, en dit long sur l’atmosphère de cette intrigue. Simple, précise et directe, elle résume parfaitement  l'univers de Simenon, romancier souvent plébiscité par les réalisateurs. On se souviendra du célèbre Maigret porté à l'écran moult fois.
Après Tournée, présenté en compétition de ce même festival en 2010, Mathieu Amalric prouve à nouveau son talent en tant qu'acteur et réalisateur. Il crée une ambiance suffocante, dont l'e caractère oppressant est accentué par le choix du format 1:33, délaissé aujourd'hui par ses confrères. Lors d'une interview, il souligne: «Le cinéma demande de la ruse. Il faut laisser des portes ouvertes pour les courants d'air, pour que la vie puisse se dérouler...» Cette citation résume magnifiquement ce longmétrage, qui laisse planer le mystère. Le drame ne se cache pas dans les mots mais se lit entre les lignes. Un sentiment de malaise persiste, provoqué par une sensation d'injustice et par une envie pas clairement avouée de voir l'accusé s'en sortir...