Salaud, on t'aime

Affiche Salaud, on t'aime
Réalisé par Claude Lelouch
Pays de production France
Année 2013
Durée
Musique Francis Lai, Christian Gaubert
Genre Comédie dramatique
Distributeur jmhdistributions
Acteurs Sandrine Bonnaire, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Irène Jacob, Pauline Lefevre
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 702
Bande annonce (Allociné)

Critique

Jacques Kaminsky (Johnny Hallyday), ancien photographe de guerre, se sentant arriver dans la dernière partie d’une vie professionnellement intense et amoureusement tumultueuse, achète un chalet à la montagne. Souhaitant (mais n’osant pas) renouer avec ses quatre filles, qu’il a eues avec quatre femmes différentes, il les voit débarquer suite à un complot ourdi par son ami médecin Frédéric Selman (Eddy Mitchell). Heureux et ému, il pourra enfin toucher du doigt la sérénité et la paix dont il a besoin.
Impossible d'entendre une interview de Claude Lelouch sans qu'il ne nous parle de son obsession des «parfums de vérité» dans son œuvre. Il avoue avoir toujours nourri ses scénarios avec des choses réelles, soit vécues, soit observées ou entendues. Ce film en est un nouvel exemple. Car il y a beaucoup de Lelouch dans ce personnage de Jacques. Le cinéaste dédie d’ailleurs ce film à ses enfants, et profite de cette histoire pour leur demander pardon d’avoir été un père trop absorbé par son travail et ses amours pour être présent pour eux autant qu’il l’aurait dû.Tout le «petit Lelouch illustré», ce qui, sous la plume du soussigné, n’est absolument pas une critique négative.
Les ambiances, les ressentis, les non-dits sont parfaitement filmés, accompagnés de nombreuses chansons qui, malheureusement, soulignent parfois inutilement les regards. Le film pratique également le mélange des genres cher à son auteur, ce qui lui a d’ailleurs été beaucoup reproché. On passe de la chronique de l’humanité aux histoires d’amour, de l’amitié à la maladie, d’un hommage au cinéma à l’énigme policière. Lelouch a toujours défendu ce style d’écriture, argumentant que, la vie pratiquant sans cesse le mélange des genres, il était normal que le cinéma en fasse autant. Mais il est vrai que si l'on n’a pas envie d’être emmené dans de nombreuses directions au cinéma, on peut trouver que ce film ne va réellement nulle part.
Porté par un casting judicieusement choisi (en tous cas pour les rôles principaux), ce film nous propose certaines scènes irrésistibles, comme celle dans laquelle les deux vieux complices à la ville comme à l’écran, Johnny et Eddy, s’amusent de leurs légendes respectives en regardant Rio Bravo O et en en fredonnant la célèbre chanson. On y voit des moments d’une grande spontanéité et de grand naturel, venant tout droit de cette méthode lelouchienne consistant à ne pas dévoiler le scénario aux acteurs et de leur souffler le texte au fur et à mesure. Il regorge également de maximes et de mots d’auteur, parfois très réussis, dont celui-ci n’est pas le moindre: «Qu’est-ce qu’un ami? Un ami, c’est quelqu’un qui vous connaît très bien, et qui vous aime quand même». Ces dialogues sont parfaitement servis par les toujours excellents Eddy Mitchell et Sandrine Bonnaire. Quant à Johnny, qui n’a jamais été le comédien du siècle, sa personnalité et sa gueule en font le choix parfait pour ce rôle.

Si ce film ne fait pas partie de la liste des chefs-d’œuvre de Claude Lelouch (si, si, il y en a, revoyons Les uns et les autres, Les Misérables ou Itinéraire…), il n’en reste pas moins un moment contemplatif, parfois tendre, parfois drôle, et parfois un peu longuet, mais beaucoup moins redondant que certains films réalisés dans les années 2000. On se laisse volontiers emmener et toucher par cette histoire et ces nombreux personnages. Ayant lu certaines critiques délirantes venant de journalistes français, certaines parlant même d’un film nauséabond d’extrême-droite (???), on est écoeurés de l’attitude de certains anti-Lelouch, prêts à toutes les bassesses et toutes les outrances pour le démolir à tout prix.

Philippe Thonney

 


Quarante-quatrième (!) film de Claude Lelouch, qui y déverse à la louche ses souvenirs, ses expériences, ses potes et sa progéniture... Un film choral de plus, sans fausses notes (sauf dans le grotesque dernier quart d'heure), où tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, où le chalet savoyard est du genre six étoiles, où le champagne de marque coule à flots, où les montres de grand luxe ornent les poignets, où le barbecue n'accueille que du filet de boeuf.

 

'ai eu l'impression de feuilleter un numéro double de Jours de France, pipole et pub sur papier glacé, avec des images inutilement surlignées par des chansons redondantes. Cela (méchamment) dit, reconnaissons que Johnny Hallyday et sa gueule ravagée sont émouvants comme un labrador suppliant, qu'Eddy Mitchell affiche comme toujours une présence souveraine et que Sandrine Bonnaire - de la montagne... - tire finement son épingle du jeu.

Daniel Grivel

Daniel Grivel

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 14
Daniel Grivel 9