Holy Field Holy War

Affiche Holy Field Holy War
Réalisé par Lech Kowalski
Pays de production Pologne, France
Année 2013
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Zinéma
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 703

Critique

Né à Londres de parents polonais – ils avaient dû fuir leur pays - et figure importante du cinéma underground américain, Lech Kowalski a tourné une trentaine de documentaires, pour la plupart polémiques ou engagés. Avec Holy Field Holy War, il revient en Pologne et se fait le témoin des problèmes auxquels les fermiers habitant tout près de la frontière ukrainienne se trouvent aujourd’hui confrontés. Une agriculture industrielle et polluante est en train de s’implanter, doublée d’une invasion d’entreprises étrangères à la recherche des richesses du sous-sol, en particulier du gaz de schiste. Usant de la technique de la «fracturation hydraulique», ces compagnies sont en train de polluer ou de détruire, sur d’immenses étendues, toutes les nappes phréatiques.

Le film démarre avec les images d’un camion «Nutrena» qui livre aux fermiers des sacs de bouffe animalière (aux OGM). Kowalski prend son temps, interroge des paysans exploités et résignés, filme les paysages, s’attarde sur l’agonie des abeilles qui se meurent d’avoir bu dans une flaque d’eau contaminée par les pesticides. Puis le rythme s’accélère et le ton se durcit: le réalisateur nous montre l’arrivée des machines qui vont sonder le terrain. De petits piquets font une discrète apparition dans les campagnes, signes des futures perturbations des sols. Les paysans sont souvent mis devant le fait accompli. En contrepoint à leur résignation, le réalisateur insiste, dans la dernière partie de son film, sur une longue scène de réunion communale: les agriculteurs se retrouvent face à face, pour la première fois, avec le représentant du consortium américain Chevron. Ils résistent, posent des questions pertinentes, le ton monte, une colère profonde se manifeste, l’hôte étranger et son traducteur sont pris de court et ne trouvent plus les mots…

Pour montrer cette lente destruction des espèces et des paysages, Kowalski a trouvé une structure et un ton particuliers: ce sont les images et les sons qui font d’abord avancer l’histoire, et cette construction du film permet au spectateur d’observer librement ce qui se passe, sans commentaires de la part du cinéaste: «Je ne voulais pas d’une voix «off» qui guide les spectateurs, précise le réalisateur. Je ne voulais pas d’un commentaire qui détruise le film. Je voulais créer une tension, une impression de découverte, et un désir de savoir ce qui va se passer.»

Très maîtrisé dans sa forme, le film de Kowalski se porte ainsi au secours des paysans de l’Est polonais confrontés aux entreprises étrangères privées, qui profitent abusivement des permis accordés et des aides publiques. Dans les ultimes images apparaît comme une volonté collective de stopper ces activités industrielles destructrices. Le cinéaste reste optimiste et croit à la lutte. Il vient d’ailleurs de réaliser un autre documentaire polémique sur le même sujet (La maladie du gaz de schiste, 2014).

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16
Daniel Grivel 16