Pas son genre

Affiche Pas son genre
Réalisé par Lucas Belvaux
Pays de production France
Année 2013
Durée
Musique Frédéric Vercheval
Genre Comédie, Romance
Distributeur agorafilms
Acteurs Anne Coesens, Emilie Dequenne, Loïc Corbery, Sandra Nkake, Charlotte Talpaert
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 701
Bande annonce (Allociné)

Critique

Clément (Loïc Corbery) est Parisien jusqu’à la moelle. Professeur de philosophie, il est muté à Arras pour un an et cette relégation lui pèse. A son actif de jeune intellectuel promis à un brillant avenir, il y a l’écriture, de savants montages conceptuels, la maîtrise du verbe et son goût pour les femmes. Son chemin va croiser celui de Jennifer (Emilie Dequenne), coiffeuse de son état, adepte de karaokés, robes pailletées, romans popu et carnavals. A partir de la rencontre d’un homme et d’une femme que tout semble séparer mais que tout pourrait rapprocher, se dessine une réflexion sur l’amour et surtout la germination de ce sentiment aux méandres enchevêtrés.

L’histoire d’amour que l’on voit éclore sous nos yeux est belle à pleurer. Et son impossible aboutissement éveille la nostalgie des amours perdues et donne envie de se battre contre toutes les formes de fractures sociales et culturelles. Car c’est bien de cela qu’il s’agit: tout au long de son œuvre, Lucas Belvaux n’a eu de cesse de déranger en mettant le doigt sur les injustices et blessures sociales. A travers une douzaine de films, il raconte la vie des exclus et marginaux en tous genres. De Parfois trop d'amour à Rapt, en passant par sa trilogie, son cinéma est toujours engagé et ne laisse jamais indifférent. Dans Pas son genre, il excelle à atteindre le cœur de ses personnages, ce lieu où se nouent et se dénouent les liens les plus subtils, où se tisse la toile composée de nos faits et gestes quotidiens, nos intentions, indécisions, retraits, choix volontaires ou non.

Par un travail remarquable sur les couleurs, la bande-son, la beauté des portraits, la qualité des dialogues, la mise en scène et chaque plan porteur de sens, Lucas Belvaux nous offre un petit bijou sans aucune fausse note. Avec une mention particulière à Emilie Dequenne, tellement solaire, authentique et parfaite dans son personnage toujours debout et en mouvement, sauvée de la morosité par la légèreté et la construction du bonheur. Le réalisateur nous livre son meilleur cinéma pour offrir une analyse pertinente du sentiment amoureux et de cette éducation sentimentale vécue dans la douleur. Il pose la question morale essentielle de l’attachement, de l’engagement et celle du don, le don «corps et âme». Sans jamais juger ses personnages, c’est par la justesse de sa mise en scène qu’il provoque autant d’émotion et nous amène à prendre conscience de la gravité du «bonheur triste» de Clément et Jennifer. Au-delà de cette histoire ce film raconte notre époque et notre manière d’aimer.

Anne-Béatrice Schwab

Appréciations

Nom Notes
Anne-Béatrice Schwab 19
Daniel Grivel 18
Nadia Roch 16
Georges Blanc 18