Dans la cour

Le visage nu, défait, le regard perdu, Catherine Deneuve en jeune retraitée impliquée dans le service des autres mais qui perd peu à peu pied à l’approche de la vieillesse et plonge dans l’angoisse à la vue d’une fissure dans le mur de son appartement, habite avec justesse son personnage à la dérive. C’est la belle surprise de ce film de Pierre Salvadori sur l’amitié entre des paumés habitant le même immeuble: au rez-de-chaussée, Antoine (Gustave Kervern), musicien qui a décidé de tout plaquer et a accepté un emploi temporaire de gardien d’immeuble pour survivre.

Dans les étages, un toxico, Stéphane (Pio Marmaï), qui vole et vend des vélos, et Mathilde (Catherine Deneuve) avec son mari Serge (Féodor Atkine), inquiet et agacé par les angoisses de sa femme qui glisse doucement vers la folie. Il y a aussi un SDF et son gros chien qui vient s’abriter dans un local de l’immeuble. Antoine le taiseux se prend peu à peu d’amitié pour Mathilde et essaie de l’aider à ne pas sombrer. Tous deux partagent leurs errements et leur solitude. Ce film, plein de tact et de pudeur mais bien trop lent, offre aux comédiens de formidables rôles de personnages pris dans la vraie vie, dans la peur de vieillir, la désillusion et le découragement. Ils y sont excellents.