Du jour au lendemain

Avec Du jour au lendemain, le cinéaste suisse Frank Matter aborde un sujet difficile et sérieux, celui de la vieillesse, du 4e âge et de maux qui peuvent y être liés. Sa caméra suit l'existence de quatre personnes qui s'efforcent, avec dignité et parfois une pointe d'humour, de rester libres et mobiles, alors qu'elles dépendent de plus en plus de l'aide extérieure. Leur quotidien n'est pas simple : Madame Fröhlich perd ses affaires et peste régulièrement contre les exhortations du personnel soignant ; Monsieur Jeker refuse d'aller chez le coiffeur, tout comme de mettre de l'ordre sur sa table ; Madame Willen se facilite la tâche en mangeant directement dans sa poêle, et Madame Hofmann craint de ne pas pouvoir assister au concert de son chanteur préféré... Trait commun de ces quatre personnes : elles s'opposent avec énergie et entêtement à tout déménagement dans un EMS.
On pourra reprocher au film d'être avant tout descriptif et lent, et de ne pas accorder beaucoup de place à l'analyse et à la critique. Tout particulièrement en ce qui concerne le fonctionnement des services d'aide et de soins à domicile : submergés de travail, tous les membres du personnel soignant sont soumis à une pression grandissante (le pourcentage des plus de 80 ans ne fait que croître,on le sait) et ils peinent à assumer leurs nombreuses charges. Quel est le rôle (normal) de ces services, jusqu'où aller dans la bureaucratie (envahissante), qui assume les charges financières (lourdes), etc.?
Frank Matter a choisi de tourner avec une équipe réduite dans un centre de soins du canton de Bâle-Campagne. On apprend deux ou trois choses sur les personnes que l'on suit tout au long du film, mais l'information sur leur passé, sur ce qu'elles ont vécu, sur leurs expériences de vie, est restreinte. La qualité du film réside ailleurs, dans ce qu'on appellera une approche sensible, pleine de tact, du monde du 4e âge.