Noé

En observant la filmographie de Darren Aronofsky, constituée de films scénaristiquement ambitieux et pointus tels que Black Swan ou The Wrestler, on s'étonne qu'il se soit retrouvé aux commandes de ce péplum gigantesque et lourdaud. Cela semblait plutôt être le sujet rêvé pour le tandem Russell Crowe-Ridley Scott. Mais le réalisateur a confié en interview avoir été fasciné par le personnage de Noé dès son enfance.
Si la beauté des images, les effets spéciaux éblouissants et la 3D réussie empêchent le film d’être un naufrage total, le reste ne vaut pas grand-chose. Les personnages sont ridiculement caricaturaux, les scènes censées être spirituelles ou émouvantes sont tellement fabriquées et ampoulées qu’elles font presque sourire. De plus, elles sont non pas seulement soulignées mais carrément noyées dans une musique omniprésente et bien trop démonstrative. Cela dit, dans ces films mégalomanes, l’histoire est moins importante que la manière de la raconter. Et visuellement parlant, certaines scènes sont évidemment impressionnantes.
Le film est exactement ce que l'on attendait. Cet Ancien Testament saupoudré de Heroic Fantasy lasse rapidement, et ce d'autant plus qu'il avoisine les 2 heures 30 et nous en met visuellement plein la vue dès le départ, ne laissant aucune progression possible et aucune surprise ensuite. Si vous éprouvez la légitime envie de voir un bon péplum bien costaud, autant vous rabattre sur les vieux classiques de Wyler ou de DeMille. Et si vous désirez vous rendre vraiment compte du talent de Darren Aronofsky, revoyez plutôt Requiem For A Dream ou les deux films précités.